L’économie, c’est la vie!

L’économie est souvent perçue comme une matière austère, une accumulation de chiffres et de statistiques, un jargon pour initiés. En France, en particulier, le monde de l’économie et celui des entreprises – surtout les grandes -, suscitent méfiance, critiques, voire hostilité. Y régnerait la loi de la jungle où le plus fort aurait toujours le dernier mot… Pourtant l’économie nous concerne tous. Elle est notre quotidien. Et les entreprises jouent un rôle central dans la transformation de la société et l’augmentation du niveau de vie.

Par Jacques Gautrand*

 

Je suis l’actualité de l’économie et la vie des entreprises depuis plusieurs décennies. Comme journaliste *, j’ai rencontré de nombreux responsables économiques, chefs d’entreprises, créateurs, experts, syndicalistes, élus ; j’ai visité différents pays, en Europe, en Amérique du Nord, en Afrique, en Australie…Toutes ces rencontres, discussions, conférences, voyages, reportages de terrain, ont enrichi mon point de vue, mes analyses et forgé mes convictions. Je veux vous les faire partager.

Beaucoup de nos contemporains se font de l’économie  l’idée d’une matière rébarbative, austère, se réduisant à une accumulation de chiffres et de statistiques, à des présentations absconses, à un jargon obscur réservé à des initiés…

En France, en particulier, le monde de l’économie, celui des entreprises – surtout les grandes -, continue de susciter méfiance, suspicion, critiques, voire hostilité. D’aucuns l’assimilent à une jungle, où la loi du plus fort serait la seule règle…

Cette attitude est attribuée à un manque de culture économique de nos compatriotes.

Quoi qu’il en soit, une meilleure connaissance de l’économie ne dispense pas de l’esprit critique, au contraire! Mais il faut surtout se débarrasser des préjugés, stéréotypes, caricatures, amalgames et anathèmes.

De nombreuses publications, des initiatives publiques et privées, des associations, des auteurs, des enseignants, ont entrepris d’élever le niveau de connaissance et de compréhension de l’économie par les Français. Et des progrès, même modestes, ont été enregistrés au cours des dernières décennies.

Ce travail de pédagogie doit être poursuivi inlassablement, démultiplié, relayé, soutenu, amélioré.

En éditant Consulendo.com, j’ai voulu, moi aussi, contribuer, même modestement, à cette action de vulgarisation de l’économie.

Parce que je crois que l’économie c’est la vie, et qu’elle est notre quotidien !

Crédit photo : Matthew Henry de Burst

« Je crois aux vertus d’une économie ouverte, qui encourage l’esprit d’entreprendre, source de progrès humain et de mieux-vivre »

Ne réduisons pas l’économie à des chiffres ou à des statistiques : l’économie c’est la vie!

Du lever au coucher, pensons à la multitude de producteurs, artisans, commerçants, fabricants, entreprises, à tous ces professionnels qui ont facilité l’enchaînement de tous les actes de notre quotidien : le boulanger, le torréfacteur, le producteur de lait, le fabricant de brosses à dent et de dentifrice, le constructeur d’automobiles, de métros, de trains, d’avions, de bicyclettes, de smartphones, le maraîcher, le boucher, le charcutier, le restaurateur, le transporteur, le livreur, l’entreprise de nettoyage, l’électricien, le plombier, etc, etc.

Je crois que les entreprises sont au cœur de la transformation de notre société et permettent d’améliorer notre quotidien.

Je crois que les créateurs, les inventeurs, les entrepreneurs, les investisseurs, permettent de rendre la vie des gens meilleure, en contribuant à l’élévation du niveau de vie d’un nombre croissant de personnes à l’échelle du monde.

Je crois aux bienfaits d’une économie ouverte, une économie de libertés qui favorise l’initiative et la créativité, qui encourage l’esprit d’entreprise et la prise de risque raisonnée.

 

« Oikonomia », notre grande maison commune

 

Économie : le mot vient du grec « oikonomia » qui signifie la gestion de la maison. Une notion qui parle à tout le monde : lorsqu’une maison est bien « tenue », tous les membres de la maisonnée s’en portent mieux, vivent mieux, se sentent mieux… Eh bien, l’économie c’est la maison et la politique économique, c’est l’entretien de la maison.

Il y a de bonnes ou de mauvaises façons de « tenir » sa maison, de même il y a  de plus ou moins bonnes politiques économiques.

Tous ceux qui vivent sous un même toit savent aussi qu’ils sont reliés par des liens d’interdépendance et de solidarité.

L’économie d’un pays c’est un peu la même chose. Elle résulte d’une multitude de décisions individuelles et collectives : produire, transformer, échanger, vendre, acheter, épargner, servir, investir, embaucher, former, se former, inventer, développer, organiser, prendre des risques…

L’économie est comme un jeu de Mikado : difficile de toucher à un des bâtonnets sans faire bouger les autres. Chacun dépend de tous !

Depuis l’aube de l’humanité, l’économie ne fonctionne que parce qu’il y a échange entre des personnes. Nous sommes interdépendants. A l’origine, cette interdépendance s’éprouvait au sein de petites communautés humaines, sur des territoires limités. Aujourd’hui, cette interdépendance s’est étendue à l’échelle de la planète, du fait de la mondialisation des échanges de produits et de services, de la mobilité croissante des personnes, et du gigantesque réseau des médias, des télécommunications et de l’Internet irriguant le globe.

La moindre de nos actions est à la fois tributaire d’une autre et en influence une autre. Le baby-sitter ou l’artisan que je rémunère vont dépenser cet argent en produits et services dont la « production » fera travailler d’autres personnes, et ainsi de suite…

Le consommateur n’est pas neutre : par ses achats, il pèse sur la redistribution de la valeur dans la société, entre tous les acteurs de la chaîne. Naguère, une campagne orchestrée par les chambres de  commerce proclamait fort justement « Nos emplettes sont nos emplois » ! Une règle que l’on a tendance à oublier, lorsqu’on est obnubilé par la recherche des prix les plus bas….

Tous interdépendants

L’économie forme une chaîne sans fin. Dans cette chaîne d’interdépendance entre tous les maillons, du plus fort au plus faible, l’entrepreneur joue un rôle indispensable dans la transformation de la société.

 

En effet, il n’y a pas de richesses créées sans l’imagination, la créativité, les initiatives et la prise de risques des entrepreneurs. Qu’il s’agisse de l’inventeur ou du créateur individuel, où de groupes d’entrepreneurs qui s’associent autour d’un projet plus important. Ils se mettent mouvement, le plus souvent risquent leur propre argent, et parfois aussi se mettent risque, pour aller jusqu’au bout de leur projet.

 

L’entrepreneur transforme notre quotidien

 

L’entrepreneur, c’est quelqu’un qui ne se satisfait pas du monde tel qu’il est, et qui veut le rendre meilleur. A tout le moins, il veut y imprimer sa marque, le transformer par son travail, son invention, son projet, son produit, son service…

 Plus que la recherche du profit (que certains lui reprochent), je crois que son premier objectif est très souvent d’améliorer le quotidien, de faciliter la vie des gens.

C’est ce qu’ont fait des Thomas Edison ou des Graham Bell, et plus près de nous des Jean Mantelet (Moulinex), Jacques Maillot (Nouvelles Frontières), Steve Jobs (Apple), Roland Moreno (la carte à puce), Pierre Bellon (Sodexo), James Dyson (Dyson) ou encore Frédéric Mazella (BlaBlaCar)… Et tant d’autres !

Par sa créativité, son énergie et sa persévérance, l’entrepreneur contribue au progrès économique et social de la société toute entière.

Dans le même temps, je crois que l’entreprise ne peut pas se réduire ni à un exploit solitaire ni à une simple entité économique et financière, uniquement motivée par la maximisation du profit pour ses actionnaires.

L’entreprise, un acteur sociétal

 

Pourquoi les Apple, Amazon, Adidas, Ikea, Blablacar, Decathlon, Michelin, et tant d’autres… sont devenues des entreprises aussi populaires ? C’est parce qu’elles ont su mieux répondre que d’autres aux consommateurs en leur apportant des services originaux et en améliorant le quotidien. Leurs performances financières en sont la résultante. Le profit est la récompense de la qualité et de la pertinence du service rendu.

Je ne crois pas que l’on puisse réduire l’entreprise à une seule finalité de nature financière : dégager du bénéfice sous peine de mourir… Ceci est nécessaire mais pas suffisant.

Les entreprises qui réussissent aujourd’hui sont celles qui recherchent en permanence la satisfaction de leur clients, qui respectent leurs fournisseurs, leurs sous-traitants, leurs collaborateurs. Elles sont ancrées sur un territoire qu’elles connaissent, qu’elles aiment ; elles ont le souci de respecter leur environnement. Et dans ces entreprises, en général, les gens sont heureux de travailler.

Je crois que l’entreprise est d’abord une communauté de travail. Une communauté de femmes et d’hommes engagés dans une activité commune, et disons-le, une œuvre plus grande qu’eux et qui les dépasse. Et qui dans de nombreux cas leur survivra.

Une entreprise est d’autant plus pérenne qu’elle se montre capable de produire du futur. Et donc, en quelque sorte, d’être source d’espérance.

L’entreprise ne peut se vivre comme une communauté de projet, que si ses collaborateurs, ses cadres et ses actionnaires le veulent loyalement, s’en fixent l’objectif et s’en donnent les moyens.

Certes, comme toute organisation, l’entreprise est traversée par des tensions, des antagonismes, des conflits, des crises ; elle peut être un lieu de blessures, physiques et psychologiques, mais elle est aussi un lieu de coopération, de collaboration, d’échange, de solidarités, de partage de savoirs et peut contribuer au progrès humain.

  • Je crois que l’entreprise du 21ème siècle est celle qui sait cultiver les talents de ses collaborateurs, du plus humble aux top-managers, qui nourrit l’intelligence collective, la coopération plutôt que la compétition à couteaux tirés et le chacun pour soi.
  • L’entreprise du 21ème siècle considère que sa première richesse est son « capital » humain : elle le choye et l’entretient comme son actif le plus précieux. Par la formation, la motivation et la participation.
  • L’entreprise du 21ème siècle  associe tous ses collaborateurs à sa réussite par l’intéressement, l’actionnariat salarié et une gouvernance participative.

L’entreprise du 21ème siècle ne cherche pas à se servir de l’Homme, mais elle s’emploie à servir l’Homme !

 

Ce qui me réjouis aujourd’hui, c’est que ces idées sont de plus en plus partagées. Voyez le rapport Notat-Sénard dont les principales recommandations seront reprises dans la future loi Pacte.

Connaissez-vous le mouvement pour une « économie bienveillante » que viennent de lancer Gonzague de Blignières et Clara Gaymard, les dirigeants du fonds d’investissement Raise?

Sans oublier le CJD, ce mouvement d’entrepreneurs créé il y a quatre-vingts ans et qui milite pour que l’économie soit vraiment mise au service de l’Homme.

Comme je l’ai dit au début,  je crois aux vertus d’une économie ouverte, à la liberté des échanges, à la libération des énergies créatrices. Parallèlement, je crois qu’il n’y a pas de liberté d’entreprendre sans une responsabilité de l’entrepreneur. Responsable, au sens où il est en capacité de « répondre » de son action auprès de tous ceux qu’elle concerne : salariés, clients, fournisseurs, sous-traitants, résidents… Au sens aussi où il respecte ses collaborateurs, ses clients, ses fournisseurs, ses partenaires. Qu’il pratique un management respectueux des autres.

Car je crois que le progrès humain est la clé du progrès de l’entreprise et d’une économie de progrès!

Média indépendant, Consulendo continuera à promouvoir ces valeurs à travers ses articles et publications, comme il l’a fait depuis quatorze ans.

J.G.

Jacques Gautrand

* Diplômé de l’IEP Paris et de sciences politiques/sciences de la communication   de la Sorbonne, Jacques Gautrand a collaboré à plusieurs groupes de presse. Notamment, la Société générale de presse, Jeune Afrique, le groupe Expansion, D.I Group, le Groupe Express… Au début de son parcours professionnel, Jacques Gautrand a travaillé en Afrique et en Australie pour les services culturels et de presse du ministère des  Affaires Etrangères.

En 2004, il a créé le site Consulendo, une revue en ligne sur la vie économique, les entreprises  et le management.

Jacques Gautrand est l’auteur d’un essai sur les médias, « L’Empire des écrans » (éditions le Pré aux Clercs) et coauteur du « Guide Complet de la Franchise » (15ème édition – L’Express éd.)