Entrepreneurs et commerçants veulent vivre de leur travail!

La large mobilisation des organisations professionnelles a payé : les commerces dits « non-essentiels » ont pu rouvrir le 28 novembre. En contrepartie d’un renforcement des protocoles sanitaires en vigueur. Il reste cependant encore des secteurs pénalisés par la fermeture administrative : bars, restaurants, salles de sport, tourisme, voyages… Le gouvernement intensifie les mesures compensatoires à leur égard. Mais l’ensemble des indépendants souhaitent vivre de leur travail plutôt que des aides…

 

Affiche de campagne du CdCF « #OuvrirOuMourir »

Les organisations professionnelles des commerçants ont eu gain de cause en obtenant la réouverture à partir du samedi 28 novembre des magasins classés « non essentiels » administrativement fermés depuis le 30 octobre.

Cette autorisation est assortie d’un renforcement drastique des protocoles sanitaires à appliquer par chaque commerçant, à commencer par la réduction contrôlée des flux de clientèle : avec une « jauge » de 8m2 par client.

En contrepartie, l’ouverture le dimanche et l’allongement des amplitudes horaires seront facilités.

Les fédérations et représentants des commerces, PME, TPE et indépendants s’étaient largement mobilisés pour faire pression sur le gouvernement (lire ci-dessous) afin d’obtenir une réouverture au plus vite, sous peine d’assister à « la mort certaine » de nombreuses entreprises.

Les commerces indépendants qui ont vu leur activité nettement amputée par le premier confinement et les couvre-feu de l’automne, espèrent profiter de la période des fêtes de fin d’année pour compenser en partie le manque à gagner subi. Ils redoutent quand même la concurrence jugée « déloyale » des grandes plateformes de vente en ligne qui apparaissent comme les principales gagnantes de la crise sanitaire, sans être assujetties aux mêmes contraintes fiscales et sociales que les commerces « physiques »…

Demeure toutefois la situation très préoccupante des bars et restaurants, ainsi que d’autres professions, comme les salles de sport, le tourisme-hôtellerie, les boîtes de nuit , à qui le gouvernement n’a pas donné de perspectives de réouverture avant le 20 janvier… En revanche, les pouvoirs publics ont annoncé un renforcement des mesures de soutien financier à leur égard.

 

Appel à Emmanuel Macron

Rappel. Le CdCF, Conseil du commerce de France, et ses fédérations avaient adressé le 16 novembre une lettre ouverte au président de la République demandant une réouverture totale des magasins dès le 27 novembre.

Dans cette lettre, les signataires (1) s’alarment de « la mort proche, certaine, de centaines de nos
commerçants et de certaines filières, impactés de plein fouet par l’arrêt de leurs activités. »

Ils exhortent le chef de l’État: « Ouvrir ou nous faire mourir, nous vous demandons Monsieur le Président de choisir ! »

« Ce second confinement engendre une situation tout simplement catastrophique pour les commerçants qui ne peuvent pas ouvrir. Tous se sont pourtant engagés, dès le mois de mai dernier, à mettre en place des mesures pour prendre toutes les précautions possibles, protéger leurs clients, leurs collaborateurs, et eux-mêmes: limitation du nombre de clients accueillis, affichage des consignes sanitaires, communication renforcée, gel hydro-alcoolique, masques, distanciation et marquage au sol. Ils n’ont, pour autant, pas été écoutés, pas été pris en compte, pas été récompensés des investissements humains et matériels qu’ils ont engagés pour transformer leurs commerces, pour les adapter à une situation exceptionnelle.

« Pourquoi les pénaliser eux ?

« Eux dont les consignes ont été tellement bien respectées depuis des mois qu’aucun cluster n’a à ce jour été démontré dans le commerce » (…)

Affiche de campagne du CdCF « #OuvrirOuMourir »

 

« Vous devez comprendre, Monsieur le Président que sans une réouverture des commerces, c’est la mort certaine de nos commerçants… »

 

« Ils ont des stocks considérables pour répondre aux besoins des consommateurs en cette période de Noël et sans chiffre d’affaires, ils ne pourront pas les payer.

« Mis en péril, ils devront fermer leur boutique et licencier leur personnel.

« Nous avons besoin d’ouvrir pour commercer. Nous avons aussi besoin de visibilité pour nous organiser.

 

« Nous vous demandons une réouverture pour tous, dès le 27 novembre. 

« Il en va de l’emploi, de la stabilité économique de nos territoires.

« Il en va du respect de l’engagement exemplaire des commerçants dans la lutte contre l’épidémie.

« Il en va du respect de la libre concurrence, à l’heure du tout digital.

Nous espérons vivement, Monsieur le Président de la République, que vous entendrez notre appel.

Le 27 novembre sera un tournant crucial dans cette crise économique qui nous touche de plein
fouet. »

Pourquoi rouvrir le 27 novembre plutôt que le 1er décembre?

  • « Pour permettre aux Français de disposer d’un week-end de plus pour réaliser leurs achats de Noël et donc de mieux répartir les flux à l’approche des fêtes de fin d’année ;
  • « Pour permettre aux points de vente physiques de mettre en place et de participer à l’opération commerciale du Black Friday, que les pouvoirs publics ne pourront interdire et qui se tiendra donc, sous ce label ou sous un autre, sur Internet comme dans les enseignes restées ouvertes. »

Affiche de campagne du CdCF »#OuvrirOuMourir »

 

Sur la base de projections chiffrées (cf. ci-dessous), le CdCF souligne la nécessité d’agir très vite : « si les commerces devaient rester fermés, le Black Friday signifierait une perte conséquente de chiffre d’affaires pour ces magasins sur tout le mois de novembre… »

Impact prévisionnel du second confinement sur les commerces fermés au public

Novembre 2020

Perte de CA (HT) novembre* : 8,9 Mds €
Perte de TVA : 1,8 Mds €
Estimation besoin de trésorerie : 5,8 Mds €

*en considérant que 10% du CA de novembre réalisé en ligne – prévision identique pour décembre, 70 % des salariés sont au chômage partiel.

Décembre 2020

Perte de CA (HT) décembre : 12,3 Mds €
Perte de TVA : 2,5 Mds €
Estimation besoin de trésorerie : 8 Mds €
Estimation besoin de trésorerie si fermeture novembre et décembre : 13,8 Mds €
Risques de fermetures de commerces : 20 335 points de vente
Risque de suppression d’emploi : 95 500 salariés.

-Sources: CdCF avec Insee (base Esane 2018 et INSEE FOCUS n °170 ), DARES, traitement CdCF

William Koeberlé, président du CdCF est le signataire de la lettre ouverte au Président de la République, au nom de la vingtaine de fédérations ci-contre.  William Koeberlé, est également président de la FFPS (Fédération de la parfumerie élective) et de la FEPD (Féd. européenne des parfumeurs distributeurs)

(1) Les signataires, adhérents du Conseil du commerce de France:

Commerces de détail non alimentaires (CDNA)/ Conseil national des centres commerciaux (CNCC)/ Fédération nationale des distributeurs, loueurs et réparateurs de matériels de bâtiment (DLR)/ Syndicat national de l’enseigne et de la signalétique (E-Visions)/ Fédération du commerce coopératif et associé (FCA)/ Fédération du commerce et de la distribution (FCD)/ Fédération des commerces spécialistes des jouets et des produits de l’enfant (FCJPE)/ Fédération des détaillants en chaussures de France (FDCF) / Fédération des enseignes de la chaussure (FEC)/ Fédération de l’épicerie et du commerce de proximité (FECP)/ Fédération de l’horlogerie (FH) / Syndicat de groupements et d’enseignes de pharmacies d’officine (FEDERGY)/ Fédération des enseignes de l’habillement (FEH)/ Fédération e-commerce et vente à distance (FEVAD)/ Fédération française de l’équipement du foyer (FFEF)/ Fédération française de la franchise (FFF)/ Fédération française de la parfumerie sélective (FFPS)/ Fédération des entreprises internationales de la mécanique et de l’électronique (FICIME)/ Fédération des magasins de bricolage et de l’aménagement de la maison (FMB)/ Fédération nationale de l’habillement (FNH)/ Jardineries et animaleries de France/ Fédération nationale de la photographie (FNP)/ Fédération pour la promotion du commerce spécialisé (PROCOS)/ L’Union de la bijouterie horlogerie (UBH)/ Union du grand commerce de centre ville (UCV)/ Union française des industries pétrolières (UFIP)/ Union professionnelle des entreprises du commerce à distance (UPECAD)/ Union sport et cycle (USC)

 

#SauvonsNosCommerçants !

 

Campagne #SauvonsNosCommerçants

Avec le mot-dièse #SauvonsNosCommerçants   la Confédération nationale des PME, CPME, et plusieurs fédérations professionnelles lancent une campagne d’opinion pour faire valoir l’urgence de rouvrir les commerces de proximité.

 Via six « visuels » illustrant les secteurs particulièrement pénalisés par la fermeture administrative des magasins : habillement, jouets, bijoux, décoration, cosmétiques, sport – cette campagne de sensibilisation est déclinée sur Internet et les réseaux sociaux, et par les commerçants eux-mêmes avec des affiches apposées sur leur vitrines.

Plusieurs messages sont portés par cette campagne:

  • « Les commerces dits non essentiels sont pourtant si essentiels pour les commerçants qui en vivent »
  • « La réouverture est urgente car le commerçant indépendant ne perçoit aucune indemnisation chômage »
  • « En cette période de fêtes, les consommateurs sont invités à commander dans leurs commerces de proximité avec la livraison ou encore le retrait de commandes (click & collect)« 

Les entrepreneurs ont besoin de perspectives et d’un calendrier précis

 

La CPME de Paris-Île-de-France renouvelle, pour sa part, ses demandes pour « l’élaboration d’un calendrier précis jalonné pour une réouverture progressive responsable et équitable des commerces de proximité, avec des protocoles renforcés (jauge accrue, prises de rendez-vous, horaires d’ouverture élargis, comptoirs de vente en extérieur, etc.), aussitôt que la situation sanitaire le permettra début décembre ; la prorogation au-delà de décembre 2020 du crédit d’impôt pour inciter les bailleurs à abandonner des loyers au profit des locataires de locaux professionnels (…); l’exonération – et non le simple report – des charges fiscales, sociales et patronales. »

Bernard Cohen-Hadad

 

< Pour Bernard Cohen-Hadad, président de la CPME Paris Île-de-France, « après les épreuves des gilets jaunes et des grèves dans les transports, nos chefs d’entreprise et leurs collaborateurs ont plus que jamais besoin d’une lueur d’espoir pour éviter la panne de confiance, se projeter à nouveau et sauver le maximum de la saison des fêtes de fin d’année, tout particulièrement dans l’économie présentielle : culture, événementiel, restauration, services à domicile, tourisme ».

 

 

Tandis qu’Emmanuel Le Roch, délégué général de la fédération du commerce spécialisé Procos , déclare sur les réseaux sociaux : « Il faut ouvrir le 27 novembre et en faire l’annonce le plus vite possible pour calmer les esprits. » Car s’inquiète la fédération, « plus tard les magasins ouvriront, plus grand sera le danger de défaillance de milliers d’entreprises et de réseaux entiers de magasins… »

 

« Contre la concurrence déloyale des « pure-players » du Web… »

Dans une tribune commune publiée le 8 novembre, dans la perspective du Black Friday, plusieurs organisations représentatives du commerce physique –  la Confédération des commerçants de France (CDF), la Fédération Française des Associations de Commerçants (FFAC), la Fédération Nationale des Centres-Villes « Vitrines de France » (FNCV), et le Conseil National des Centres Commerciaux (CNCC) -,  partent en guerre « contre la concurrence déloyale des marchands 100% Web »: 

« Nous exigeons la fin de l’iniquité structurelle existante entre la communauté des commerçants français et les marchands 100% Web :
  • En matière fiscale (traitement égalitaire pour tous les impôts auxquels le commerce physique est soumis : Tascom, TVA, CVAE, taxe foncière…)
  • En matière règlementaire (assujettissement des projets d’entrepôts à l’Autorisation d’Exploitation Commerciale, non-anonymisation des procédures immobilières…)
  • En matière environnementale (application du principe pollueur/payeur par prise en compte de l’empreinte carbone sur les livraisons et leurs retours, la détérioration de l’espace public qui en découle, les emballages et suremballages, l’artificialisation des sols, les émissions de gaz à effet de serre générées par les Datas centers…)
  • En matière d’aménagement du territoire (instauration d’un moratoire sur tous nouveaux projets d’entrepôts)
  • En matière sociale (éradication de toute forme de dumping dans les conditions de travail)
  • En matière sociétale (sensibilisation et alerte des consommateurs sur l’impact économique, écologique et social de l’achat en ligne)
  • En matière sanitaire (obligation de respecter l’intégralité des normes en vigueur, tant dans les entrepôts que dans les conditions de livraison) »

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