Création d’entreprises / Bpifrance absorbe l’AFE et élargit le champ de ses interventions

L’agence France Entrepreneur (AFE), chargée du soutien à la création d’entreprises, est intégrée à Bpifrance, à compter du 1er janvier 2019. La Banque publique d’investissement exercera dorénavant « l’ensemble des missions de soutien à la création d’entreprises et à l’entrepreneuriat ». Une nouvelle étape, à l’heure où l’envie d’entreprendre séduit de plus en plus de Français, et où de nombreux acteurs et réseaux se mobilisent sur ce secteur.

 

40 ans après sa naissance, l’ex ANCE – agence nationale pour la création d’entreprises, devenue au fil des ans APCE, puis AFE – et ses équipes vont se fondre dans la vénérable institution qu’est la banque publique d’investissement, Bpifrance … dont les racines remontent à la même époque, à la fin du septennat de Valéry Giscard d’Estaing, avec la création du CEPME, Crédit d’équipement des PME. Le Premier ministre Raymond Barre avait alors choqué une partie de l’opinion publique en déclarant : « Les chômeurs? Ils n’ont qu’à créer leur entreprise!« 

En quarante ans, le contexte économique a bien changé. Et les mentalités ont évolué. L’esprit d’entreprise souffle désormais dans notre pays qui a longtemps voué un culte obséquieux à un Etat omnipotent et où la réussite professionnelle a longtemps été assimilée à une carrière dans la haute fonction publique.

L’action obstinée de l’APCE-AFE et des ses animateurs successifs n’est pas étrangère à cette révolution culturelle qui a lentement transformé notre pays. La création, en 2009, par Hervé Novelli, du régime de l’autoentrepreneur a singulièrement dopé le nombre de créations enregistrées, dépassant la barre des 500 000 créateurs par an (voir ci-dessous).

Le dernier président de l’AFE, Dominique Restino, créateur du Moovje, en transmettant à Nicolas Dufourcq, le directeur général de Bpifrance, les clés de l’agence France Entrepreneur le 20 décembre 2018, n’a pas manqué de souligner cette mutation :

Dominique Restino

« En 1979, la France se singularisait alors par des chiffres de créations d’entreprises en retrait par rapport à ses voisins européens et un sursaut était nécessaire pour redynamiser notre tissu d’entreprises. Près de 40 ans plus tard, l’objectif est atteint : l’entrepreneuriat est devenu le sujet de tous, nos chiffres de création d’entreprises sont bons et créer son entreprise n’a jamais été aussi simple.

« L’école commence à lui ouvrir ses portes et, dans l’enseignement supérieur, il se crée tous les jours des entreprises prometteuses portées par des étudiants ou de jeunes diplômés, je peux en témoigner. Beaucoup des grandes entreprises de notre pays disposent d’un programme d’essaimage et Pôle emploi peut même doter en capital les candidats à la création d’entreprise qui le souhaitent.

« Où que l’on regarde en France, des initiatives vigoureuses et matures permettent aujourd’hui à ceux qui souhaitent créer leur entreprise d’être accompagnés dans le montage de leur projet puis dans son financement. Il s’est créé un ensemble structuré d’acteurs de terrain, organisés nationalement ou reliés localement entre eux. (…) Certains de ces acteurs engagés ont d’ailleurs démarré sous les auspices de l’AFE, qui les a hébergés, encouragés et soutenus dans leur déploiement autant qu’elle le pouvait », a rappelé Dominique Restino.

 

Bpifrance s’engage en 2019 en faveur de « l’entrepreneuriat pour tous »

Les dirigeants de l’AFE, de Bpifrance et de la Caisse des dépôts, lors de la signature des actes formalisant le transfert à Bpifrance des missions de soutien à l’entrepreneuriat. – Le 20/12/2018 –

La banque publique d’investissement qui avait repris en 2013 les missions dévolues à Oseo – elle même née en 2005 du rapprochement de la BDPME, de Sofaris et de l’Anvar – s’est vue officiellement transmettre, fin décembre 2018,  les activités de l’AFE en matière de soutien à la création d’entreprises et à l’entrepreneuriat par la Caisse des Dépôts qui en était le principal soutien (1).

L’AFE devient donc au 1er janvier 2019 Bpifrance Creation, laquelle affiche l’ambition de déployer, grâce aux 48 implantations régionales de Bpifrance, ses outils et moyens au service de l’« Entrepreneuriat pour tous ».

La banque publique précise dans un communiqué que ces actions se déclineront selon deux axes principaux:

  • Informer, orienter, former, notamment via le site Internet bpifrance-creation.fr . Ce site de référence sur la création d’entreprises, qui s’inscrit dans la continuité des actions menées par l’AFE, permettra dès février 2019, l’orientation des porteurs de projets et la diffusion de contenu experts à destination des créateurs mais aussi de l’ensemble des acteurs de l’accompagnement à la création d’entreprises.  Bpifrance poursuivra par ailleurs l’ensemble des actions de sensibilisation et de formation proposés aux acteurs de l’accompagnement à la création (les réseaux mais aussi Pôle emploi et les partenaires locaux).

 

  • Assurer le continuum de l’accompagnement et du financement de la création d’entreprise à l’appui des réseaux partenaires sur l’ensemble du territoire par :
    le subventionnement du fonctionnement des réseaux d’accompagnement ;
    l’octroi de moyens financiers permettant le financement des projets sous forme de prêts d’honneur, microcrédit, garantie bancaire… la gestion, pour le compte de l’Etat du Fonds de Cohésion Sociale (FCS)
    le déploiement des dispositifs de soutien à la création d’entreprises, spécifiquement orientés vers certains publics ou certains territoires, tels que notamment Cités Lab ou La Fabrique à Entreprendre. »

 

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En quarante ans, l’écosystème français de l’entrepreneuriat, s’est beaucoup densifié, complétant l’action des acteurs historiques que sont les CCI et les chambres de métiers. De nombreux réseaux apportent conseil, soutien et financements, notamment sous forme de prêts d’honneur sans intérêt (Initiative France, France Active, Entreprendre) ou de microcrédits, à l’exemple de l’ADIE qui aide les créateurs n’ayant pas accès au crédit bancaire.

Sans parler des forums et salons spécialisés qui ont fleuri un peu partout dans nos régions, dans le sillage de l’emblématique Salon des Entrepreneurs qui tiendra sa 26 ème édition les 6 et 7 février 2019 (2)

Dominique Restino a tenu à « féliciter ces acteurs engagés qui, au quotidien, donnent l’idée voire l’envie d’entreprendre, reçoivent les porteurs de projets, les écoutent, les conseillent, les forment lorsque c’est nécessaire, avec un seul but : leur apporter les clés de leur autonomie et leur donner toutes les chances de succès, les chiffres en attestent. »

Faut-il en conclure que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes?  D’abord une évidence, les porteurs de projets se renouvellent en permanence, d’une année sur l’autre, démographie oblige. Il faut donc sans cesse remettre l’ouvrage sur le métier!

Les nouvelles générations n’ont pas forcément accès à toutes les informations ou dispositifs existants qui leurs seraient utiles. Il reste donc toujours à améliorer les lieux, moments et supports de diffusion de ce qui existe, continuer inlassablement un travail pédagogie, y compris auprès du grand public et du monde enseignant qui font encore de l’emploi salarié en CDI la voie royale d’une vie professionnelle réussie… Et voient dans les filières professionnelles une option par défaut…

« Il reste encore beaucoup à faire, reconnaît Dominique Restino, notamment dans certains territoires, en milieu rural, dans les zones urbaines enclavées, en outremer. Les régions et les métropoles l’ont bien compris, elles prennent en charge l’animation économique des territoires et sont plus que jamais la source et le soutien d’initiatives utiles et réformatrices qu’il nous faut susciter, accompagner et servir par des outils toujours plus performants, notamment numériques. »

A cet égard,  le déploiement de la nouvelle plateforme bpifrance-creation.fr  qui se subsituera à afecreation.fr à partir de février 2019, et sur laquelle ont travaillé ensemble les équipes de l’AFE et de la banque publique, aura valeur de test.

Il restera aussi clarifier et à adapter la finalité des différents dispositifs : de façon à bien distinguer les types d’accompagnements à mettre en oeuvre, selon qu’on à affaire à quelqu’un qui veut créer une entreprise avec des salariés, avec l’ambition de la faire croître et grandir, d’une part, ou à celui qui veut exercer un métier ou une prestation de services qualifiée sous forme indépendante, et ne veut nullement, ce qui est son droit, embaucher et gérer du personnel, d’autre part.

(1) L’AFE avait pour membres fondateurs, l’Etat, la Caisse des dépôts (CDC), Régions de France, le Conseil supérieur de l’Ordre des experts-comptables (CSOEC), CCIFrance et l’Assemblée permanente des Chambres des métiers et de l’artisanat (APCMA).  La Caisse des dépôts, via sa filiale la Banque des Territoires, fait savoir qu’elle continuera à assurer son rôle de soutien aux entreprises de l’Economie sociale et solidaire (ESS), « compte tenu de son expertise en matière d’ingénierie financière sur ce secteur spécifique. »

(2) Le Salon des Entrepreneurs, créé et développé par Xavier Kergall depuis vingt-cinq ans – aujourd’hui intégré au groupe de presse Les Echos-le Parisien -, est l’héritier du Salon Entreprendre lancé par l’ANCE dans les années 1980 et qui avait été brièvement repris par le groupe Vivendi au début des années 1990.

 

Les créations d’entreprises en hausse de 17% au cours des douze derniers mois

 

Pendant la période des 12 derniers mois (de décembre 2017 à novembre 2018), comparée aux douze mois précédents (décembre 2016-novembre 2017), les créations d’entreprises enregistrent une hausse globale de 17,3%  (+ 101 470 créations), notamment chez les autoentrepreneurs (+ 21,7%  soit +66 942 créations), et les entreprises individuelles hors entrepreneurs (21,1% ou +31 609 créations), mais progressent peu en ce qui concerne les créations sous forme de sociétés (à peine +1,5%, soit + 2 885 créations).

Les autoentrepreneurs ont fortement progressé, notamment dans le secteur des transports et livraisons à domicile, mais aussi dans les activités immobilières, alors que l’industrie, la santé /éducation et la construction connaissaient des évolutions modestes, précise André Letowski dans sa note mensuelle d’analyse.

Pour leur part, les entreprises classiques (sociétés + entreprises individuelles hors autoentrepreneurs) ont progressé de 9,9% sur les 12 derniers mois.

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« Chef d’entreprise : le choix de carrière le plus intéressant! »

 

Par ailleurs, l’Indice entrepreneurial français 2018 (IEF) fait apparaître que 30% des Français âgés de 18 ans ou plus sont ou ont été placés, à un moment de leur vie, dans une dynamique entrepreneuriale. Soit 15 millions de personnes sont concernées.

Parmi les 70 % des Français se situant en dehors de la dynamique entrepreneuriale, 16 % n’ont jamais songé à créer ou reprendre une entreprise. Les freins ressentis par ces personnes sont divers. Sont principalement cités : les investissements financiers trop importants (27 %), les démarches administratives trop complexes (25 %) ainsi que la peur de l’échec (23 %).

L’IEF est réalisé par l’institut TMO Régions pour l’AFE avec le soutien de Pôle Emploi et de la Fondation d’entreprise MMA des Entrepreneurs du futur. Cet indice évalue et analyse le dynamisme entrepreneurial en France et son évolution.   L’IEF distingue notamment : les « intentionnistes » qui envisagent de créer ou reprendre une entreprise (19 %), les porteurs de projets de création ou de reprise d’entreprise (7%), les entrepreneurs (12 %), ainsi que les anciens dirigeants (13 %).

Il ressort en tout cas de cette enquête que près de la moitié des Français ( 42%) estiment que le choix de carrière le plus intéressant est celui de chef d’entreprise!