PERSPECTIVES 2021
Les entreprises « sous perfusion », entre l’espoir du rebond et la crainte du dépôt de bilan

 

Le prolongement de mesures restrictives face au Covid-19, et le report à courant janvier de l’éventuelle réouverture de nombreuses activités, restaurants, spectacles, salles de sport… retardent la reprise économique. L’année 2021 sonnera l’heure de vérité pour beaucoup d’entreprises maintenues sous perfusion et qui devront honorer leurs échéances…

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Auditionné le 10 décembre au Sénat par la délégation aux entreprises, le directeur général du Medef Christophe Beaux, a présenté une analyse de la situation économique étayée par les remontées de terrain des fédérations régionales du mouvement patronal.

La crise actuelle, dont l’origine n’est ni économique ni financière, mais due aux politiques publiques de prévention contre la pandémie de Covid-19, est « plus forte et plus durable que celle de 2008 », a souligné le représentant du Medef. « La décroissance de notre économie est deux fois plus forte qu’en Allemagne, car nos entreprises ont abordé cette crise en moins bonne posture que leurs homologues allemandes » :  des bilans plus fragiles avec moins de fonds propres; des charges de production bien supérieures à celles en vigueur outre-Rhin…

« La reprise sera plus longue à venir… »

Christophe Beaux, directeur général du Medef

En conséquence, la reprise « sera plus lente et prendra plus de temps à venir qu’après 2009 », diagnostique Christophe Beaux et  « notre décrochage avec l’Allemagne va s’accentuer« .

A partir des données collectées par ses fédérations, le Medef estime que l’économie « tourne » en décembre à 89/90% de son niveau d’il y a un an. Mais il s’agit d’une moyenne qui recouvre des grandes disparités, avec des secteurs qui « surperforment » (alimentation, jeux vidéos, par exemple) et des secteurs quasiment à l’arrêt, comme la restauration, l’évènementiel, les spectacles, les clubs de sport…

Le BTP qui ne marchait qu’à 15%/20% lors du premier confinement, fonctionnerait désormais à 90% de son niveau de fin 2019… L’industrie, quant à elle, tournerait à 85%…

 

Effet de contagion. Le responsable patronal s’est aussi inquiété de l’effet de contagion sur des secteurs non-officiellement fermés comme l’hôtellerie-tourisme qui pâtissent du contexte général, des  restrictions des flux de personnes et d’un « pessimisme ambiant » : tout ceci entretient l’atonie de la reprise.

Dans son dernier point de conjoncture de début décembre, l’Insee rappelle que le premier dé-confinement avait généré « un rebond économique plus vigoureux qu’attendu«  (+ 18,7% au 3ème trimestre), alors que,  « en sens inverse, la résurgence de l’épidémie grève l’activité économique au quatrième trimestre. »

Chute de 9% du PIB en 2020 et rebond modéré en 2021

Au quatrième trimestre, selon l’Institut de la statistique, le PIB (produit intérieur brut) devrait, se contracter de 4,5 % en variation trimestrielle, et sur l’ensemble de l’année 2020, il subirait une baisse d’environ 9 % par rapport à 2019.

Pour l’année 2021, le gouvernement table sur un rebond de l’économie nationale de 6%, mais qui resterait insuffisant pour que la production nationale retrouve son niveau de 2019.

Dans ses dernières projections macroéconomiques publiées le 14 décembre, la Banque de France élabore trois scénarios. La prévision médiane table sur une croissance du PIB de +5% en 2021 et 2022.

La Banque centrale étudie aussi deux autres scénarios alternatifs, en fonction de l’évolution de la pandémie et de l’environnement international : un scénario « sévère », avec une reprise reportée à 2022; un scénario « favorable » avec un rebond économique plus vigoureux, de +7% en 2021.

Dans l’hypothèse médiane, la Banque de France précise : « début 2021, l’activité économique serait pénalisée par une consommation des ménages encore contrainte, avec une levée progressive des mesures sanitaires. Dans ce scénario central, l’hypothèse est que l’épidémie ne cesserait pas immédiatement et que le déploiement généralisé de vaccins ne serait pleinement effectif que vers fin 2021. Dans ces conditions, le niveau d’activité de fin 2019 ne serait retrouvé qu’à mi-2022, et le rattrapage s’étalerait sur 2021 et 2022, avec une croissance du PIB autour de 5 % sur chacune de ces deux années. En 2023, la croissance serait encore un peu supérieure à 2 %, un rythme certes toujours élevé, mais moins inhabituel. »

Les différentes mesures publiques de soutien à l’économie permettent le maintien du pouvoir d’achat des ménages, sans que ceux -ci n’augmentent pour autant leurs dépenses de  consommation : celles-ci devraient, en effet,  marquer au quatrième trimestre 2020 une baisse de 10 %  par rapport au niveau du quatrième trimestre 2019.  En conséquence, les ménages devraient augmenter sensiblement leur épargne « de précaution » que la Banque de France évalue, fin 2020, à 130 milliards d’euros.

Un montant très substantiel! La grande inconnue pour 2021 est de savoir si une bonne partie de cette épargne se traduira en achats et en investissements, de manière à relancer l’économie globale…

Incertitudes sur la consommation des ménages

Le climat général anxiogène et le maintien, en cette fin d’année,  de mesures sanitaires restrictives qui repoussent à plusieurs semaines la réouverture des bars-restaurants, des établissements culturels et sportifs, ne sont pas de nature à stimuler les dépenses de consommation, dont on sait qu’elles sont, en France, le principal moteur de la croissance.

En novembre, l’Insee estime à – 14 % la chute de la consommation des ménages, « malgré le développement de la vente à distance et d’autres services de livraison à domicile. »

Le second confinement du 30 octobre, accompagné d’une nouvelle fermeture des bars-restaurants, de celle des commerces « non essentiels », d’une restriction des activités sportives et de loisirs, de la limitation des déplacements, a contribué à la baisse sur les achats des Français.

Les ventes des magasins du commerce spécialisé se sont contractées.

Selon la fédération Procos qui fédère les grandes enseignes, « toutes les activités du commerce spécialisé réalisent un mois de novembre 2020 très négatif.

Voici quelques exemples de baisse d’activité relevées par la fédération : – 83 % pour l’équipement de la personne, – 73 % pour la beauté-santé, – 49,8 % pour l’équipement de la maison… « Aucune de ces activités ne pourra rattraper en décembre ces pertes d’activité de novembre », estime Procos.

Malgré le recours aux ventes à emporter et aux livraisons de repas à domicile, le secteur de la restauration est particulièrement éprouvé :  L’activité du mois de novembre se termine à – 80 % , indique Procos. Or les restaurants resteront fermés au moins jusqu’au 20 janvier, ce qui représentera pour cette profession  près de sept mois de fermeture!

La situation est aussi préoccupante pour les réseaux de salles de sport qui ne voient pas de perspectives d’ouverture avant fin janvier:

« Quel acteur, quel secteur, pourrait supporter une perte d’activité de sept mois sans aide sur ses pertes d’exploitation, au-delà du chômage partiel ?  Cela reste un dossier prioritaire si l’on veut se fixer l’objectif de sauver le maximum de restaurants partout en France. » Fédération Procos

 

« En cumul, tous les secteurs enregistrent un chiffre d’affaires très négatif entre le 1er janvier et le 30 novembre 2020 : – 25 % en moyenne toutes activités confondues du commerce spécialisé, – 30 % pour l’équipement de la personne et l’alimentaire spécialisé, – 27 % pour la beauté-santé, – 12,8 % pour l’équipement de la maison… Décembre est un mois qui compte double ou triple pour de nombreux secteurs voire davantage dans les activités telles que l’alimentaire spécialisé, l’épicerie fine, les cadeaux… 

« Des chiffres dégradés en décembre ne feraient qu’amplifier les pertes 2020. Compte tenu des pertes de chiffres d’affaires en novembre, il n’est pas envisageable qu’une activité même dynamique en décembre puisse compenser ce retard », estime Procos.

L’essor des ventes en ligne ne compense que faiblement les pertes d’activité…

Les confinements ont incité beaucoup de commerçants « classiques » à accélérer ou intensifier leur présence sur le Net. Sans pour autant pouvoir rivaliser avec le succès des « pure-players » du Web qui ont bien profité de cette crise… Si les ventes en ligne des commerces « physiques » enregistrent une très forte hausse (+ 150 % en novembre), Procos estime que cela « ne permettra de compenser que 5 % en moyenne de pertes de chiffre d’affaires des magasins fermés… »

« La problématique des stocks et les difficultés supplémentaires générées par le report des soldes au 20 janvier 2021, font que les risques de difficultés de trésorerie pour de nombreux acteurs demeurent. La trésorerie fond à vue d’œil. De manière plus générale, il reste à solutionner l’adaptation des loyers à la réalité de l’activité lorsque celle-ci est très fortement impactée par la Covid. Il n’est pas possible de supporter 100 % de son loyer lorsque le chiffre d’affaires est à 50% ou 70%! »

 

« Ne reverser à l’État qu’une partie de la TVA collectée… »

Emmanuel Le Roch, délégué général de la fédération du commerce spécialisé, Procos

Beaucoup de commerces avaient constitué, plusieurs mois en amont, en prévision des ventes de fin d’année, des stocks importants qu’ils n’ont pas pu écouler en novembre et qu’ils doivent financer :

« Pour décembre et les mois à venir, en fonction des évolutions de la crise sanitaire, il faudra reconstituer la trésorerie ainsi que les moyens indispensables à la transformation post-Covid. Sans capacité d’investissement, nous ne faisons que repousser les échéances.  Nous défendons l’idée qu’il faut permettre à chaque entreprise du commerce spécialisé de conserver 5 % de la TVA qu’elle collecte dans le but de reconstituer sa trésorerie et prévoir les moyens de sa future transformation », plaide Emmanuel Le Roch, le délégué général de Procos.

La restauration sur le grill

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La situation des restaurants reste particulièrement difficile, et peut provoquer des drames humains.  A l’exemple du suicide d’une jeune maman de 36 ans, Ghislaine Boriller, propriétaire d’une restaurant dans le Morbihan. Ce relais-routier, « Le Kenyah », à Plougoumelen, n’avait pas obtenu de la préfecture le 7 novembre l’autorisation de réouverture, à la différence d’autres établissements semblables de la région…

Quatre organisations professionnelles représentatives du secteur de l’hôtellerie-restauration (GNC, GNI, UMIH et SNRTC) ont mené une enquête * auprès de leurs adhérents, après l’entrée en vigueur du second confinement : il en ressort que 2 établissements sur 3 pourraient être contraints de fermer définitivement du fait de cette crise : 65.8% des professionnels interrogés craignent, en effet, que cette nouvelle fermeture administrative condamne leur entreprise.

Hervé Bécam, vice président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH), estime que 200 000 emplois sont actuellement menacés dans le secteur du fait de l’arrêt de l’activité et qu’il est illusoire de penser que les aides permettent de compenser cette situation : « Ce qui permet de vivre aujourd’hui, c’est l’endettement, et non les aides ».

Cette enquête fait aussi ressortir les attentes des professionnels de l’hôtellerie restauration vis-à-vis du gouvernement : 76.5% demandent l’exonération totale des charges sociales patronales pour toute l’année 2020; 55% des professionnels jugent aussi prioritaire l’indemnisation personnelle du chef d’entreprise (lequel ne bénéficie pas du chômage partiel) et l’exonération des loyers pendant les périodes de confinement et de couvre-feu…

*sur la base de 6 600 entreprises de toute la France ayant répondu à l’enquête des organisations professionnelles, dont 80% de cafés, bars, restaurants et 20% d’hôtels.

Les ventes à emporter ne compensent  que faiblement le manque à gagner…  mais c’est bon pour le moral!

Pour faire face à l’adversité et maintenir un peu de chiffre d’affaires, certains établissements se sont convertis à la vente à emporter. Mais ceci est loin de compenser le manque à gagner, ou même de couvrir les frais fixes – ce qui explique que des restaurateurs ont préféré rester fermés. Guillaume Lecomte, directeur du groupe Agapes Restauration (Flunch, Trois Brasseurs, Il Ristorante, Salad & Co, So Good et Pizza Paï), interrogé par la fédération Procos, témoigne :  « Nous avons développé le click & collect, la vente à emporter, en particulier dans les lieux où il reste du flux, mais c’est une activité qui reste marginale et qui nous permet de réaliser 5 à 10 % du chiffre d’affaires maximum. C’est une activité qui est très loin de couvrir nos frais fixes incompressibles qui dépassent 20 % du chiffre d’affaires et ce, malgré la mise en chômage partiel des équipes. (…) Nous proposons que l’État décide comme l’ont fait l’Allemagne et le Royaume Uni par exemple, d’une baisse de la TVA à 5,5 % sans contrepartie sur l’année 2021 avec une clause de rencontre régulière avec les pouvoirs publics pour faire le point de la situation des entreprises… »

Bernard Boutboul, président fondateur du cabinet de conseil Gira
(DR)

Toutefois Bernard Boutboul, expert réputé de la restauration, estime dans une interview à L’Officiel des Réseaux : « Tous ces canaux alternatifs (de vente) ne représentent au mieux que 25 % du chiffre d’affaires habituel d’un restaurant. Ce n’est donc pas rentable, mais maintenir l’établissement ouvert est positif pour le moral des troupes et des équipes. Rien n’est pire que de laisser un rideau fermé pendant des mois. Les clients, à la réouverture, ne vous reconnaitront plus! J’encourage vraiment les restaurateurs à le faire dans la mesure du possible et si un semblant d’équilibre peut être atteint. »

 

On apprend ainsi que l’enseigne Courtepaille (250 restaurants) reprise cet automne par le groupe Buffalo Grill, se lance dans un programme de « Dark Kitchen« , afin de développer ses ventes en ligne en partenariat avec les grandes plateformes de livraisons de repas à domicile (Deliveroo, Uber Eats)… Ces « mutations digitales » dans l’univers de la restauration n’en sont probablement qu’à leurs débuts!

Un restaurant de l’enseigne Courtepaille – DR

« Combien de temps prendra le retour à la normale pour la restauration, s’interroge pour sa part Emmanuel Le Roch de Procos.  De nombreux mois ?Toute l’année 2021 ? Durant cette période, comment rester sur les mêmes coûts d’exploitation ? Impossible ! La survie de nombreux restaurants et de réseaux entiers, passe par cette adaptation des coûts à la réalité de l’activité : l’adaptation des loyers à la réalité de l’activité s’impose! »

Même si les aides publiques ont été importantes pour ce secteur (chômage partiel, Fonds de solidarité, report de cotisations sociales..), le recours à l’endettement, soit sous forme de report de remboursement de crédits auprès des banques soit via la souscription d’un PGE (prêt garanti par l’État),  interroge sur l’équilibre économique de certains établissements lorsqu’il faudra commencer à honorer des échéances en 2021…

« Emprunter, c’est pour investir : ce n’est pas pour couvrir des pertes que l’on accumule chaque mois ! En mars 2021, nous serons incapables de rembourser », prévient Didier Chenet, président du Groupement national des indépendants (GNI)

Les professionnels de l’événementiel ne voient pas le bout du tunnel

Autre secteur particulièrement pénalisé, celui des événements professionnels: foires, salons, congrès, tourisme d’affaires… Des grands rendez-vous, annulés en 2020, sont au mieux reportés en 2021 ou à des dates indéterminées.

Ainsi le Salon de l’agriculture, faute de visibilité suffisante ne se tiendra pas comme à l’accoutumée fin février 2021, mais est reporté en 2022... Le Salon international de l’aéronautique du Bourget initialement prévu en juin 2021 est reporté en 2023! L’édition 2020 de Franchise Expo Paris(Reed Expositions) n’a pas pu se tenir comme prévu et a été reportée à fin septembre 2021 (au lieu de son habituel RDV en mars depuis 39 ans)…

De nombreux acteurs de ce secteur indispensable au développement des courants d’affaires, nationaux et internationaux, sont dans une situation critique. A l’instar du groupe Comexposium qui s’est placé en septembre en procédure de sauvegarde, et prépare un plan social…

Le secrétaire d’État chargé du tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne, interrogé par Le Figaro, estime à 60 milliards d’euros le manque  à gagner de ce tourisme d’affaires pour l’ensemble de la filière.

 

Paradoxe de l’année 2020 :

pas de flambée des dépôts de bilan…

crédit photo : Mohamed Hassan – Pixabay

Si les plan sociaux sont en nette augmentation, il n’en est pas de même du nombre des faillites. Paradoxalement, les chiffres des dépôts de bilan sont à la baisse comparés au mêmes périodes en 2019…

France Stratégie, institution officielle placée auprès du Premier ministre, précise qu’entre 2019 et 2020, à fin octobre, « la somme cumulée des défaillances (hors sauvegardes et conversions de redressement judiciaire en liquidation) a fortement baissé, de l’ordre de 39 %. À la fin du 3ème trimestre, la chute du nombre cumulé d’ouvertures de procédures était de 31,2% pour les liquidations judiciaires et de 48,8% pour les redressements judiciaires par rapport à 2019… »

Une des explications est que « lors du premier confinement, les tribunaux de commerce étaient mis à l’arrêt et ce pendant les deux dernières semaines de mars. La réouverture des tribunaux a pu mettre un certain temps avant d’être assimilée par les agents économiques. Les assignations en procédure par les créanciers ont été gelées jusqu’au 24 août, date à partir de laquelle les entreprises avaient 45 jours pour se déclarer en état de cessation de paiements. »

France Stratégie souligne : « On aurait pu voir une augmentation très nette du nombre d’ouvertures à partir de cette dernière date, mais cela n’a pas été le cas. On peut attribuer plusieurs explications à ce phénomène : les entreprises créditrices et l’URSAFF n’assignent pas leurs clients, les banques ont accordé des moratoires pouvant aller jusqu’à six mois, les dispositifs d’aides aux entreprises ont pu contribuer à diminuer le nombre d’entrées en procédure. »

Une analyse que corrobore Thierry Millon, directeur des études d’Altares Dun & Bradstreet: « Depuis janvier, les tribunaux ont prononcé 24 000 ouvertures de procédures collectives, soit le plus bas niveau de défaillances depuis plus de 30 ans. L’État, qui a très tôt mis en place des mesures de soutien (chômage partiel, PGE, report des cotisations et aménagement des règles de cessation de paiement, etc.), a permis aux entreprises de tenir le choc, jusqu’à maintenant.
« Plusieurs signaux nous alertent cependant, en particulier la proportion grandissante de liquidations directes, révélatrice d’entreprises qui ont sans doute trop attendu pour se déclarer en cessation et ne peuvent plus être sauvegardées. »

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« C’est lorsque la mer se retire que l’on voit ceux qui nageaient sans maillot »…

 

Mais ces chiffres, à prime abord rassurants, pourraient cacher une bombe à retardement.

L’économie française et les entreprises ont été placées depuis dix mois sous perfusion. L’amortisseur des aides publiques, des allégements de charge et des prêts bonifiés, ne font que reporter les échéances dans le temps.

Le piège pervers de l’endettement. Ces dispositifs publics de soutien financier ont permis à de nombreuses entreprises de tenir le choc et de surmonter, pour le moment, cette crise inédite. Mais ils génèrent un autre paradoxe: la crise contraint les entreprises à accroître leur endettement alors que le renforcement de leurs fonds propres devrait être plus que jamais une priorité ! Luttant pour leur survie, celles-ci sont en outre pressées de s’engager dans une double transformation, numérique et écologique, alors que ce processus exige du temps et des capitaux « longs »…

2021 sonnera l’heure de vérité.  Le moment où beaucoup d’entreprises devront commencer à rembourser leurs crédits* et autres facilités de caisse ainsi que les cotisations d’Urssaf reportées… Les entreprises dont les structures financières étaient déjà fragilisées avant la survenue de la crise liée au Covid-19, avec des fonds propres très faibles, voire négatifs, se retrouveront alors dans une situation très critique…

Comme l’avait dit, dans un autre contexte de crise, le richissime investisseur américain Warren Buffet« c’est lorsque la mer se retire que l’on voit ceux qui nageaient sans maillot »…

Seule une forte reprise de l’activité, de la consommation et des investissements – privés et publics -, dès les premiers mois de 2021 pourra nous faire éviter le pire. Souhaitons-le!

Mais le durcissement des restrictions sanitaires qui repousse sans cesse le « retour à la normale » à un nouvel horizon temporel, ne nous en fait pas prendre le chemin…

*Selon Bpifrance,  au7 décembre, 658 000 entreprises ont bénéficié d’un PGE pour un montant total de 112 milliards d’euros. 50% de ces prêts garantis par l’État sont d’un montant inférieur à 50 000 euros. 98 % des bénéficiaires d’un PGE sont des PME employant moins de 50 salariés, selon France Stratégie. Au cas par cas, les banques peuvent accepter un différé de remboursement du capital de deux ans, sur une maturité totale du PGE qui ne peut excéder 6 ans, conformément aux règles de l’Union européenne.

 

>>>À suivre : 2021, ce qui a changé, ce qui va changer