Radioscopie des entreprises françaises (#4)
Les start-up

Médiatisées, célébrées, les start-up françaises portent une image de dynamisme économique et de réussite. Mais qui sont exactement ces entreprises? Une intéressante étude de France Stratégie * nous aide à mieux appréhender la diversité de ces jeunes pousses, et notamment leurs difficultés à recruter. Dans le cadre de notre Radioscopie des entreprises, nous publions, avec son aimable autorisation, la synthèse de cette étude réalisée par André Letowski, expert en entrepreneuriat, éditeur d’une pertinente Note d’Analyse mensuelle.

* « L’emploi dans les start-up françaises« , France Stratégie-DGE, rapport du Réseau Emplois Compétences (octobre 2021)

 

crédit photo : Pixabay

Célébrée comme la « Start-up-nation » par Emmanuel Macron, avant même son élection à la présidence de la République, la France se targue d’être, avec la Grande-Bretagne, à la tête des pays européens en matière de dynamisme des jeunes pousses High-Tech…

« En 2020, les levées de fonds des start-up françaises se sont élevées à 5,4 milliards d’euros, doublant ainsi leur niveau de 2019. Mi-2021, ce record est déjà dépassé pour l’année en cours . La France se positionne ainsi sur la première place du podium des pays européens en termes de levées de fonds et le premier pays de la Tech d’Europe occidentale… »    France Stratégie

 

Cependant nous manquons de données statistiques sur ces entreprises qui se caractérisent par un mode de fonctionnement atypique : elles « vivent » de levées de fonds successives et « brûlent » leurs capitaux « propres » avant même de réaliser un chiffre d’affaires significatif ou des bénéfices…

Une récente étude * permet de mieux cerner qui sont ces « start-up ».

France Stratégie et la Direction générale des entreprises (DGE) ont mené ensemble un « travail exploratoire fondé sur une double dimension statistique et qualitative. L’objectif est de renforcer les connaissances disponibles sur les start-up, d’établir si elles ont des difficultés de recrutement spécifiques et de mieux identifier leurs besoins en compétences. »

Leur étude en fait le constat : « Il n’existe pas à ce jour de définition partagée de ce qu’est une start-up. Il n’y a, en effet, pas de consensus sur l’âge à partir duquel une entreprise ne peut plus être considérée comme nouvelle, ni d’indicateur pour caractériser une entreprise porteuse d’une innovation. En outre, le potentiel de croissance d’une entreprise est nécessairement difficile à apprécier. »

Les auteurs mettent aussi l’accent sur les difficultés spécifiques de recrutement que connaissent les start-up et qui constituent un frein à leur développement.

« Si l’écosystème des start-up françaises n’a cessé de se densifier depuis vingt ans, c’est notamment parce que les pouvoirs publics y ont mis les moyens : aides à l’innovation , réductions fiscales et sociales (loi Allègre, dispositif JEI, crédit d’impôt recherche-CIR…), opérateurs dédiés (d’Oséo à Bpifrance), plans de soutien (de l’initiative French Tech en 2014, au plan Deeptech et au programme French Tech Next 40/120  en 2019). Tous ces dispositifs visent à soutenir la croissance des start-up et à maintenir le rang de la France dans la compétition technologique mondiale. Pourtant, elles disent peiner à recruter. Il s’agit désormais de mettre les enjeux de recrutement et de formation au premier plan. La pérennisation des start-up en dépend. »     France Stratégie

 

# Quelle définition des start-up?

En 1987  la notion de « start-up » inspire à la France la qualification de « gazelle » pour désigner et soutenir de jeunes entreprises en croissance rapide. Le concept a évolué depuis.

En plus d’être une entreprise nouvelle avec un haut potentiel de croissance rapide de son chiffre d’affaires, la notion de start-up caractérise aussi une entreprise qui porte un projet innovant ou qui lève des fonds.

L’étude définit la start-up  comme « une entreprise nouvelle, avec un fort potentiel de croissance de son chiffre d’affaires ou de son capital social, ou qui porte un projet innovant. » 

 

L’étude inventorie quatre populations d’entreprises, dont trois correspondent au concept de start-up :

  • Les jeunes entreprises : les entreprises sous forme de société ayant moins de 8 ans d’existence en 2018 (âge moyen de 2,9 ans), sont au nombre de 1,1 million et emploient 1,5 million de personnes (en équivalent temps plein – EQTP), 3 emplois en moyenne par entreprise ; 95% sont des TPE.
  • Les gazelles : entreprises de moins de 8 ans (âge moyen de 5,2 ans), ayant 10 équivalents temps plein en 2015 et un taux de croissance annuel moyen de leur chiffre d’affaires supérieur à 20% entre 2015 et 2018. On en dénombre 1 600, avec 75 400 emplois (49 en moyenne par entreprise). 88% sont des PME et 3% des ETI ou grandes entreprises.
  • Les entreprises ayant levé des fonds : entreprises de moins de 8 ans (âge moyen de 4,2 ans) dont le capital social est inférieur à 100 000€ en 2015 et supérieur à 200 000 € en 2018, au nombre de 6 000, avec 40 000 emplois (en moyenne 12 emplois par entreprise). 66% sont des TPE et 32% des PME.
  • Les entreprises innovantes : entreprises de moins de 8 ans (âge moyen de 3,5 ans), ayant reçu une aide à l’innovation ou à la R & D au moins une fois depuis leur création; elles sont au nombre de 13 000, avec 114 00 emplois (en moyenne 12 emplois par entreprise). 82% sont des TPE et 17% des PME.

 

Toutefois, ces quatre types d’entreprises se recoupent : les entreprises innovantes comptent 19% de gazelles et 17% d’entreprises qui ont levé des fonds. Les entreprises qui ont levé des fonds ont en leur sein 8% de gazelles et 7% d’innovantes. Les gazelles ont 2% d’entreprises ayant levé des fonds et 2% d’entreprises innovantes. Tandis que parmi les jeunes entreprises une infime minorité a recours aux dispositifs d’aide à la R & D et à l’innovation (1%).

« Sur cette base, les estimations du nombre de start-up en France varient de 1 600 (gazelles) à 1,1 million (jeunes entreprises) selon la définition retenue. Près de 6 000 entreprises ayant levé des fonds sont observées, contre 13 000 entreprises innovantes. »

 

On rappellera que la France compte aussi une vingtaine de « licornes », start-up dont la valorisation dépasse le milliard de dollars! A l’instar d’OVH, Doctolib, Mano-Mano, Blablacar, Lydia…

L’Insee recense pour sa part 15 000 entreprises en forte croissance (10% de croissance annuelle moyenne de leurs effectifs salariés) en 2015. Le baromètre EY du capital-risque en France enregistre 736 start-up ayant levé des fonds en 2019. Enfin, le dispositif JEI (Jeune entreprise innovante) compte en 2019 près de 3 900 bénéficiaires.

On peut estimer le nombre de start-up en France à entre 9 500 et 17 000, suivant les sources. L’étude en retient 13 000.

 

# Quelles activités?

Les services aux entreprises atteignent une proportion comparable dans les 4 types d’entreprises étudiées (entre 22 et 27% ) avec une pointe à 34% pour les entreprises innovantes.

Les jeunes entreprises et les gazelles se retrouvent dans deux principaux secteurs d’activité, commerce-HCR-transports d’une part et les services aux entreprises d’autre part (un cumul de 54 à 57%).

Les entreprises qui ont levé des fonds opèrent notamment dans les activités financières et d’assurance (31%) et les services aux entreprises.

Les entreprises innovantes sont principalement actives dans les secteurs informatique-communication (40%) et dans les services aux entreprises (34%).

Contrairement à l’Allemagne, ou aux États-Unis, l’écosystème des start-up est très concentré dans l’Hexagone sur une seule région, l’Île-de-France (30% de leurs unités y ont leur siège et même 40% pour les entreprises innovantes).

Le chiffre d’affaires:
Les entreprises ayant levé des fonds ainsi que les entreprises innovantes affichent des chiffres d’affaires moyens respectifs de 1,4M€ et 1,3M€ à comparer à celui des gazelles (7,6M€). Le CA moyen des jeunes entreprises est évidemment beaucoup plus faible : 0,27M€.

Les entreprises  innovantes réalisent 20% de leur chiffre à l’export, contre 10% pour celles ayant levé des fonds et 8% pour les gazelles.

On notera que plus de la moitié des entreprises ayant levé des fonds et des entreprises innovantes présentent un excédent brut d’exploitation (EBE) négatif, autrement dit elles ne sont pas rentables!

# L’emploi dans les start-up françaises

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Aux États-Unis, les jeunes entreprises innovantes jouent un rôle essentiel dans la dynamique de création d’emplois : lieu de destructions d’emplois en raison de leur taux de survie plus faible, mais avec une intensité de création d’emplois la plus forte.

En France, en considérant les emplois créés et détruits, les auteurs de l’étude estiment que les entreprises de plus de 10 ans et de 500 salariés représentent 45% de l’emploi et 40% de la création d’emplois, tandis que les entreprises créées dans l’année représentent 20% de la création d’emplois pour seulement 3% de l’emploi total.

Les entreprises de moins de 5 ans ayant plus de 20 employés génèrent, en moyenne, 37% de la création d’emplois totale.

En 2018, on recense 114 000 emplois dans les entreprises innovantes, 75 400 dans les gazelles, 40 000 dans les start-up levant des fonds, à comparer aux 1,5 million d’emplois dans les jeunes entreprises.

Une analyse de l’Insee sur les gazelles permet de dissocier croissances interne et externe, en prenant en compte les flux de salariés entre entreprises, montrant que 50% de l’emploi créé en France par des entreprises pérennes sur 10 ans provient des 5% les plus dynamiques, les gazelles.

Une autre étude de l’Insee identifie, en 2015, 8,6% des entreprises de plus de 10 salariés comme étant à forte croissance (soit 15 000 entreprises, dont 1 200 gazelles, représentant 60 000 emplois).

Si les start-up créent plus d’emplois que les autres entreprises, le lien entre hyper-croissance et performance de l’entreprise n’est pas clairement établi.

Certains travaux établissent un lien entre la croissance rapide de l’emploi et plus fortes chances de survie de la jeune entreprise, notamment lorsque cette phase de croissance rapide survient tôt dans la vie de l’entreprise, alors que d’autres études, montrent qu’une forte croissance du CA au départ ne garantit pas une viabilité à long terme.

Les effets positifs sur la croissance et l’emploi à long terme seraient plutôt réalisés par les quelques entreprises en hyper-croissance initiale et qui survivent à cette première phase.

Plusieurs études empiriques montrent de surcroît qu’une période initiale de croissance rapide de l’emploi réduit finalement les chances de survie et conduit à une croissance de l’emploi plus faible, à une plus forte rotation des employés… Une croissance plus modérée et étalée dans le temps serait alors garante d’emplois durables.

Impact de la crise sanitaire: Pendant la crise de la Covid19, les gazelles et les entreprises innovantes ont vu leur effectif salarié se réduire respectivement de 15 et 9% au premier trimestre de 2020, cette baisse ne perdure pas cependant sur les trois trimestres suivants. L’effectif des quatre populations d’entreprises étudiées stagne, signe que les start‑up semblent avoir gelé leurs embauches durant la crise sanitaire.

Toutefois, les entreprises ayant levé des fonds en 2020, ont vu leur effectif croître, sans interruption de la dynamique déjà lancée les deux précédentes années.

 

# Quelles sont les compétences recherchées par les start-up?

L’univers des start-up se distingue par la diversité des intitulés de postes à pourvoir, difficiles à rattacher à des référentiels de métiers « classiques » et des compétences plus largement partagés. De plus, le besoin renforcé de polyvalence pour les start-up naissantes, complique la chasse aux talents.

Ce besoin de compétences transversales comme critère primordial de recrutement se constate tout autant dans la phase de développement des start-up.

Une étude récente de France Digitale2 dresse également le constat d’une « seniorisation » des besoins en compétences.

L’enquête France Stratégie-DGE auprès de 180 start-up innovantes donne un premier aperçu de leurs besoins en compétences : les métiers dits technologiques représentent 50% des intentions d’embauche pour l’année 2020-2021. L’analyse croisée entre catégories de métiers et taille d’entreprise fait apparaître ce fort besoin en compétences technologiques quel que soit le niveau de développement de la start-up : au minimum, pour les entreprises de 10 à 49 salariés, donc en phase intermédiaire, les métiers de la Tech représentaient 44% des intentions d’embauche.
Les métiers commerciaux sont également recherchés, notamment celui de Business développer (15% des intentions de recrutement), tout comme les chefs de produit (14%) ou les fonctions support administratif (5%). La commercialisation du produit ou du service créé devient en effet essentielle en phase de croissance de la start-up. Les métiers « Tech » sont considérés par plus de 60% des répondants comme les plus difficiles à recruter avec le métier de développeur (40%).

 

#Les difficultés à recruter

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Si elles créent en moyenne plus d’emplois que leurs homologues, les start-up, souligne l’étude, rencontrent « de plus fortes difficultés d’embauche ».

Parmi les causes identifiées,  l’incertitude, liée souvent à l’absence de modèle économique, et la part inhérente de risque associée à l’univers des start-up, mais aussi le manque de lisibilité.

Les start-up recrutent principalement des personnes qui « parlent » leur langage et partagent leur culture : en 2019, 20% des candidats qui postulaient n’avaient pas compris soit l’intitulé du poste soit son descriptif ; 12% des personnes recrutées n’avaient pas compris les compétences qu’on attendait d’eux!.

Autre difficulté identifiée par l’étude : 68 % des start-up estiment que leur situation financière ne leur permet pas de recruter…

Inadéquation entre les attentes des entreprises et celles des candidats : les start-up ont des besoins en compétences techniques plus poussées que les entreprises classiques.

Dans 71% des cas,  les profils des candidatures reçues ne convenaient pas à cause du manque de compétences techniques. 58% des start-up interrogées jugent que les candidatures reçues ne sont pas assez nombreuses ; et 47% que les compétences des postulants sont insuffisantes.

La concurrence avec d’autres entreprises pour attirer les talents est aussi citée (33%).

Par ailleurs, par nature les start-up sont vouées à croître beaucoup et vite : l’urgence (17%) et le volume des recrutements à effectuer en simultané (25%) dans des profils qui sont souvent en tension sur le marché du travail expliquent aussi les difficultés accrues en matière de RH.

« L’exigence accrue en compétences techniques des start-up augmente avec leur développement et alimente l’inadéquation entre les attentes des entreprises et des candidats… »

 

Parmi les facteurs invoquées dans les difficultés de recrutement, 25% citent le fait que les candidats intéressants sont étrangers et ne souhaitent pas venir en France; 25% citent une rémunération trop faible; 17% la nature ou durée du contrat (CDD, intérim, stage, temps partiel); 17% le déficit d’image dont peut souffrir le secteur d’activité…

Malgré l’adoption d’un discours de rupture quant aux modes d’organisation du travail, de management et de gestion des ressources humaines, les difficultés de recrutement des start-up proviennent aussi des lacunes dans leur mode de gestion RH qui n’a pas été mûrement pensé lors de la constitution de l’entreprise, sans oublier le manque de passerelles avec l’écosystème emploi-formation. Ainsi l’étude pointe l’absence politique de développement des compétences, ou le fait que  » la mise en place d’une politique de formation n’est pas toujours une priorité »…

Les dirigeants de start-up sont conscients de leurs manques en la matière : 46% déclarent avoir besoin d’accompagnement sur les enjeux RH pour réduire leurs difficultés notamment pour le recrutement, la maîtrise des bases de la fonction employeur et du droit du travail, le recrutement de collaborateurs venant de l’étranger, le développement professionnel des collaborateurs et leur fidélisation

Recettes. Les start-up ayant réussi à attirer les candidatures les plus pertinentes donnent comme explication par ordre décroissant :

  • La cooptation ou recommandation par des personnes travaillant dans l’entreprise (plus de 50%),
  • d’anciens collègues ou personnes connues dans des emplois différents (plus de 40%),
  • les relations sur les réseaux sociaux (plus de 30%),
  • les clients, fournisseurs, prestataires ou concurrents (plus de 20%),
  • les réseaux professionnels comme les chambres consulaires, les syndicats sont moins cités (moins de 20%).

#Les profils des effectifs des start-up

Les effectifs des start-up sont majoritairement masculins avec une proportion de femmes d’environ un tiers : 35% d’effectifs féminins dans les entreprises innovantes, 36% dans les entreprises ayant levé des fonds, 37% dans les gazelles et 38% dans les jeunes entreprises.

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Une étude de 2016 portant sur 375 entrepreneurs du programme d’accélération Numa recensait 81% d’hommes parmi les fondateurs de start-up (par ailleurs 51% des fondateurs avaient moins de 30 ans ; 46% étaient passés par une grande école de commerce ou d’ingénieur).

Une autre étude de 2020 portant sur un échantillon de 501 entrepreneurs confirme ce  type de profil : 74 % d’hommes ; 56% sont issus d’écoles d’ingénieurs ou de commerce ; 20% ont un père indépendant et 53% un père cadre.

Les cadres sont surreprésentés : de 13% dans les jeunes entreprises, à 30% dans les gazelles et les entreprises ayant levé des fonds, et près de 50% dans les entreprises innovantes ; ces dernières recrutent davantage dans des fonctions d’encadrement que leurs homologues non start-up.

Les types de contrat :  Le contrat à durée indéterminée (CDI) concerne 54% des effectifs dans les entreprises de 1-9 salariés, 77% dans les 10-49 salariés et 91% au-delà. Les entreprises de 1-9 salariés ont davantage recours que les autres aux conventions de stage (18% vs 5% et 3% pour les autres), au travail indépendant (17% vs 12% et 3%), aux CDD ou intérim (6%, 2% pour les autres), l’apprentissage (6% vs 2%).

crédit photo : Mikhail Nilov – Pexels

Toutes catégories socioprofessionnelles confondues, les gazelles, les entreprises innovantes et celles levant des fonds recourent au CDI de façon relativement comparable (environ 84% de leur effectif salarié en ETP) ; néanmoins, les entreprises innovantes semblent chercher à fidéliser plus que les autres.

Ces trois populations de start‑up qui sont aussi les entreprises les plus dynamiques et les moins contraintes financièrement ont une proportion de leurs cadres en CDI parmi les plus élevés (91% de leurs effectifs cadres).

Les rémunérations:
Dans les jeunes entreprises, le salaire brut moyen est de 32 000€, contre 42 000€ pour les gazelles et 46 000€ pour les entreprises ayant levé des fonds et 51 000€ pour les entreprises innovantes.

A l’exception de leurs dirigeants qui se rémunèrent en moyenne autant qu’ailleurs, les cadres de ces start-up gagnent annuellement en moyenne 1 500€ de moins que s’ils travaillaient dans des entreprises plus âgées (- 2 000€ pour les ingénieurs) ; les professions intermédiaires gagnent environ 1 100€ de moins (-940€ pour les techniciens), les employés et ouvriers 700€ de moins. Toutefois, l’écart semble relativement moins important pour les salariés en CDI.

Les gazelles et les entreprises innovantes rémunèrent de façon moins inégalitaire leurs profils techniques et d’encadrement que leur population de référence (jeunes, non innovantes ou non gazelles).
Si au global, les entreprises innovantes accordent les mêmes niveaux de salaire que les jeunes non innovantes, en prenant en compte le type de contrat de travail, ces dernières passent dans la catégorie des entreprises qui valorisent mieux leurs salariés en CDI (en moyenne + 1 700€).

Les cadres et ingénieurs dans les entreprises innovantes semblent moins bien rémunérés que chez les jeunes entreprises non-innovantes ce qui pourrait expliquer en partie leurs difficultés de recrutement.

Avantage. Dans les entreprises ayant levé des fonds, il existe un avantage salarial annuel brut de 4 500€ (4 900€ pour les salariés en CDI) ; cette moyenne est surtout tirée à la hausse par les niveaux de rémunérations accordées aux chefs d’entreprises salariés qui gagnent en moyenne 22 300€ de plus qu’ailleurs ; les cadres gagnent en moyenne 3 000€ de plus (et 2 500€ de plus s’ils sont en CDI), les employés et ouvriers 2 000€ de plus, les ingénieurs en CDI 2 300€ et les techniciens en CDI 1 700€ de plus.

L’étude porte in fine une série de recommandations, afin de « lever les freins au développement de l’emploi dans les start-up : d’une part, des mesures qui relèvent d’une amélioration des pratiques des start-up elles-mêmes pour attirer et fidéliser les candidats (par exemple, élargir le vivier de recrutement; « professionnaliser » la fonction RH…), d’autre part, « des mesures qui dépendent des pouvoirs publics pour améliorer la coordination des acteurs de l’écosystème. »

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Méthodologie de l’étude : la population étudiée est constituée des unités légales de moins de 8 ans en 2018 répertoriées au moins une fois dans le fichier approché des résultats du dispositif Ésane (FARE) entre 2015 et 2018. Les entreprises individuelles sont exclues de la population toute comme les filiales de groupe étranger ainsi que les entreprises appartenant à un groupe français lorsqu’elles ne sont ni tête de groupe, ni centre de décision. L’étude s’appuie également sur une enquête en ligne réalisée auprès de 180 start-up, complétée par des entretiens qualitatifs de dirigeants et de responsables des ressources humaines de start-up.

 

>>> Téléchargez le rapport complet « L’emploi dans les start-up françaises » | France Stratégie-DGE 2021

 

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