Entreprendre au sein d’un réseau accroît la pérennité de l’entreprise

Lorsqu’elle fait partie d’un réseau d’enseigne, une entreprise est plus pérenne qu’un commerce isolé, confirme une étude récente de l’INSEE.  Cette analyse conforte les arguments des professionnels des réseaux (franchises, groupements coopératifs) en faveur de leur modèle économique. Synthèse.

 

Un magasin sous l’enseigne La Vie Claire – crédit-photo : DR

« Les entreprises du commerce de détail sont davantage pérennes quand elles sont créées en réseau : 74 % exercent toujours leur activité cinq ans après leur création au sein d’un réseau, contre seulement 58 % hors réseau », révèle une intéressante étude de l’Insee.

Publiée le 24 aout 2022, cette analyse se focalise sur les 26 600 entreprises créées en 2014 dans le commerce de détail (hors micro-entrepreneurs), soit 10 % des créations d’entreprises du secteur marchand non agricole. Parmi celles-ci, une entreprise sur six fait partie d’un réseau d’enseigne, précise l’Insee.

17 % de ces entreprises ont été  créées au sein d’un réseau d’enseigne *, « soit une proportion beaucoup plus élevée que ce que l’on observe dans d’autres secteurs d’activité » (10 points de plus!).

87 % de ces entreprises créées en réseau ont pris la forme juridique d’une société (contre 75 % pour les commerçants hors réseau).  Ce statut est nettement plus fréquent que dans les autres secteurs (61 %).

Ce qui représente un facteur de pérennité par rapport au statut d’entrepreneur individuel lequel ne nécessite pas la constitution d’un capital social pour démarrer son activité : « Les entreprises individuelles ont près de deux fois moins de chances de survie à cinq ans que celles créées sous forme de société », souligne l’Insee.

crédit photo : Moondance – Pixabay

70% des entreprises en réseau étudiées opèrent dans le commerce de détail non-alimentaire, 24 % dans l’alimentaire et 6 % dans la vente à distance.

Les réseaux sont les plus présents dans l’équipement de la personne hors habillement (beauté, bijouterie, maroquinerie, etc.), dans la culture et les loisirs (livres, sport, jeux, etc.) où ils concernent respectivement 28 % et 26 % des créations, indique l’Insee.

*L’enseigne est le repère qui identifie, pour le consommateur, le point de vente et son réseau. Celui-ci peut être constitué de points de vente détenus en propre par la tête de réseau (commerce intégré), de points de vente indépendants regroupés dans le cadre d’un groupement d’achat ou d’approvisionnement (commerce associé) ou de points de vente indépendants liés à la tête de réseau par un contrat de type franchise, concession, commission-affiliation, etc. Les entreprises affiliées restent indépendantes juridiquement et financièrement de la tête de réseau. Elles bénéficient toutefois d’une identité forte vis-à-vis des consommateurs et mutualisent certains frais.

 

crédit photo : Pixabay

Les atouts du réseau

 

Les acteurs professionnels des réseaux d’enseignes, et leurs représentants tels que la Fédération du commerce coopératif et associé, FCA, (groupements coopératifs de commerçants), la Fédération française de la franchise, FFF, font valoir les avantages à entreprendre au sein d’un réseau.

Par rapport à un commerçant isolé, l’entrepreneur en réseau bénéficie de la notoriété d’une marque ou d’une enseigne, du transfert d’un savoir-faire éprouvé, d’une expérience accumulée, de conseils, d’une formation, de services mutualisés, etc.

« C’est un gain de temps appréciable pour le créateur qui accroît ainsi ses chances de succès », souligne un expert de la franchise.

L’entrepreneur bénéficie non seulement de l’assistance (contractuelle) de la tête de réseau, mais aussi des échanges avec ses homologues des autres points de vente avec qui il peut partager astuces et bonnes pratiques.

L’appui du réseau est particulièrement bienvenu quand il faut affronter des conjonctures difficiles ou traverser des crises.

Ainsi, selon l’enquête annuelle Banque Populaire-FFF, 70% des franchisés interrogés s’estiment mieux armés face à la crise qu’un commerçant isolé. Un avis encore plus partagé (85%) chez les franchisés employant 10 salariés et plus. Selon la dernière enquête annuelle, « près de 9 franchisés sur 10 se déclarent satisfaits de l’accompagnement du franchiseur pendant la crise sanitaire. »

Mais ces éléments ne sont pas les seuls facteurs qui contribuent à accroître la pérennité des entreprises en réseau et leurs chances de réussite.

  • Un niveau de diplôme plus élevé

L’étude de l’Insee révèle que les créateurs d’entreprise opérant au sein d’un réseau d’enseigne ont un niveau de diplôme supérieur aux commerçants isolés…  Ainsi 50 % ont décroché un diplôme de l’enseignement supérieur contre 38 % pour les commerçants hors réseau.

Les entrepreneurs en réseau se trouvent majoritairement dans la tranche d’âge de 35 à 49 ans (52 % contre 44 %), cela signifie qu’ils ont acquis une expérience professionnelle avant de créer leur société : 50 % des créateurs en réseau antérieurement salariés occupaient une fonction de cadre ou une profession intermédiaire (contre 32 % hors réseau).

« Le profil du créateur joue un rôle sur la pérennité des entreprises du commerce de détail, note l’Insee. Avec un baccalauréat technologique ou professionnel, les créateurs ont, à autres caractéristiques comparables, 1,3 fois plus de chances d’assurer la survie à cinq ans de leur entreprise qu’avec un niveau inférieur au baccalauréat. De même, avoir eu une expérience de dirigeant ou/et dans le métier augmente les chances de survie de l’entreprise nouvellement créée : les anciens dirigeants ont 1,3 fois plus de chances que les anciens chômeurs d’assurer la survie de leur entreprise, et avoir déjà travaillé dans le métier se traduit par des chances 1,2 fois plus élevées que celles d’un novice dans le secteur. »

On notera aussi, ce qui a son importance, que « les créateurs en réseau ont bénéficié plus fréquemment de la présence d’un chef d’entreprise ou d’une personne à son compte dans leur proche entourage avant de démarrer : 75 % contre 68 %. « 

Reconversions. Les personnes qui se lancent en franchise le font souvent après un premier parcours de cadre ou de manager salarié, une expérience humaine et professionnelle qui leur sera utile dans leur nouveau métier d’entrepreneur, même si bien souvent ils n’exercent pas dans le même secteur d’activité.

 

  • Davantage de capitaux mobilisés

crédit photo : Pixabay

Les entreprises créées en réseau mobilisent davantage de ressources que les autres.

Elles démarrent avec davantage de capitaux.

56 % d’entre elles se lancent en ayant mobilisé 40 000 euros ou plus contre 25 % pour celles hors réseau, et 18 % hors du commerce de détail.

Crédit bancaire. Les créateurs des entreprises en réseau sollicitent plus souvent que les autres des emprunts bancaires. Ils déclarent aussi un peu plus souvent rencontrer des difficultés à obtenir des financements (41 % contre 37 % pour un commerçant isolé), à trouver un local commercial approprié (26 % contre 12 %) ou à embaucher du personnel qualifié (21 % contre 8 %).

53 % des entreprises en réseau embauchent au moins un salarié au bout de quelques mois contre 29 % pour celles hors réseau et 24 % dans les autres secteurs.

« Les entreprises qui démarrent avec au moins 40 000 euros ou avec au moins un salarié ont respectivement 1,4 et 1,7 fois plus de chances de survie » que les autres, note l’Insee.

 

Les entrepreneurs en réseau font aussi davantage appel à des services extérieurs payants (90 % contre 85 %), telles que des sociétés de nettoyage ou de gardiennage. Ils recourent davantage à des prestataires (86 % contre 80 %), « pour la comptabilité notamment, ou pour des activités plus stratégiques comme la publicité ou le stockage, la logistique et le transport », note l’Insee.

 

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C’est donc la combinaison d’un ensemble de facteurs qui contribue à renforcer la pérennité de ces entreprises en réseau:

« Davantage de moyens financiers et humains au démarrage et plus de créateurs anciens dirigeants. Une fois pris en compte ces différents facteurs, leurs chances de survie après cinq ans d’existence restent encore 1,2 fois plus élevées. Plusieurs facteurs pourraient l’expliquer : la formation et l’accompagnement proposés en réseau, le bénéfice d’une enseigne déjà connue, des caractéristiques plus favorables des projets de création autres que celles déjà identifiées dans cette étude (localisation infra-communale…) ou un effet de sélection des créateurs d’entreprises pour être accepté dans le réseau. L’étude ne permet cependant pas de confirmer ou de trancher entre ces hypothèses », conclut l’étude de l’Insee.

>>> « Dans le commerce de détail, les entreprises créées au sein d’un réseau d’enseigne sont plus pérennes » – étude de Philippe Pottier – Insee Première – 24 août 2022