Retour sur…

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Retour sur d’anciens articles trouvant écho dans l’actualité…

  • Notre sélection de l’été 2022

L’ AFRIQUE ET NOUS

crédit photo : Pixabay

Distant des côtes de l’Espagne de moins de 15 kilomètres, le continent africain et son 1,4 milliard d’habitants, ne recueille pas de notre part, nous Européens, toute l’attention et tout l’intérêt qu’il mériterait. Et pourtant…

Son poids démographique en fait une « deuxième » Chine ou une « deuxième  » Inde… Ces trois zones regrouperont à horizon 2030 la moitié de la population mondiale!

La moitié de la population en Afrique a moins de vingt ans.  Et les Africains nés à l’époque de la colonisation ont aujourd’hui plus de 60 ans, c’est à dire qu’ils sont largement minoritaires.

De nombreux Etats du Continent connaissent des taux de croissance économique bien supérieurs à ceux du Vieux Monde.

Une classe moyenne en progression, très à l’aise avec les nouvelles technologies (le paiement par smartphone est plus développé au Kenya que chez nous!), des élites formées dans les universités occidentales ou asiatiques… Des entrepreneurs et des entrepreneures pleins d’allant et d’ambition … C’est donc bien avec une  Afrique nouvelle que nous devons écrire de nouvelles pages d’une Histoire commune.

Richement doté en ressources naturelles, en matières premières et métaux rares, le Continent s’attire les convoitises de nombreuses puissances extérieures, au premier rang desquelles les Chinois et les Russes.

Nous avion rendu compte en son temps sur Consulendo du livre de Serge Michel et Michel Beuret, « La Chinafrique«  (éditions Grasset), une pertinente enquête sur la façon dont les Chinois, avec pragmatisme et redoutable efficacité, prennent la place des anciennes puissances coloniales. Ils sont cinq fois plus nombreux que les Français sur le continent Noir!

La Russie n’est pas en reste et pousse aussi ses pions en Afrique depuis la Guerre Froide et cela continue, notamment via  la présence des commandos Wagner! Dans une intéressante  interview donnée au magazine Causeur, l’économiste Loup Viallet, explique comment en matière de « diplomatie africaine, nous sommes en concurrence avec la Russie, qui a son propre agenda »…

La récente tournée du président Macron fin juillet dans trois pays de l’Ouest africain, le Cameroun, le Bénin et la Guinée-Bissau, visait aussi à montrer que la France ne se « désengage » pas du Continent, en dépit des commentaires ou des souhaits de certains.

D’ailleurs le Cameroun (comme le Nigéria et l’Algérie) représente une alternative solide au gaz russe pour l’approvisionnement en GNL de la France et de l’Europe.

Dès son premier mandat, Emmanuel Macron a affirmé son intention de sortir des relations traditionnelles de la « Françafrique », afin de renouveler les liens avec le Continent, au delà des contentieux et des ressentiments hérités du passé colonial.

Sur la base du rapport qu’il a demandé au professeur Achille Mbembé – « Les Nouvelles relations Afrique-France : relever ensemble les défis de demain » –  le président français a annoncé la création dans l’Hexagone d’une Maison des mondes africains, destinée à « devenir une référence pour tous ceux qui s’intéressent à l’Afrique et/ou souhaitent y mener des projets, et ainsi incarner le profond renouvellement de notre relation avec le continent et avec ses diasporas. »

Et lors de sa visite officielle à Yaoundé, le président Macron a participé dans le cadre du « Club Noah » à une restitution des travaux du comité consultatif de suivi du sommet Afrique-France.

Incontestablement la revivification de nos relation avec l’Afrique et les Africains devra passer par la société civile, les mouvements associatifs, les clubs d’entrepreneurs, les diasporas capables de susciter des joint-ventures, des entreprises conjointes entre les deux rives de la Méditerranée.

Un entrepreneur visionnaire et engagé comme le Tunisien Slim Zeghal, patron fondateur du groupe industriel Altea Packaging, implanté en Egypte et en France, prône une meilleure intégration économique entre le Maghreb et l’Afrique sud-saharienne. Dans une tribune publiée par Africapresse Paris, il préconise la construction d’une voie ferrée reliant Tunis à Cotonou, via l’Algérie et Niamey au Niger : « Un tel projet, multinational, changerait durablement les perspectives de développement de toute la région et changerait clairement la donne géostratégique. (…) Une nouvelle route reliant l’Asie – avec ses deux poids lourds Chine et Inde – à l’Afrique de l’Ouest, en particulier le Nigéria censé devenir le troisième pays le plus peuplé au monde en 2050, sera créée, en remplacement du passage par le Cap de Bonne Espérance. Cette route relayera aussi le trafic à partir de l’Europe… »

>>>Lire aussi sur Consulendo : Slim Zeghal, un conquérant de l’Euro-Méditerranée

 

  • Notre sélection de mars-avril 2022

 

crédit photo : Pixabay

#PRÉSIDENTIELLE 2022

En attendant le débat de fond…

Drôle de campagne électorale ! Elle a commencé dans la panique du nouveau variant Omicron qui s’est finalement révélé moins ravageur que redouté, et se poursuit avec le fracas de la guerre faite par la Russie à l’Ukraine…

Ces événements médiatiquement « dominants », ont éclipsé le débat de fond sur les programmes des candidats à l’élection présidentielle, clé de voûte de nos institutions politiques. On en oublierait presque que nous sommes l’année du 60ème anniversaire de l’instauration, par référendum, d’élire le chef de l’État français au suffrage universel direct, grande première dans notre histoire nationale.

Pourtant l’élection présidentielle intéresse davantage les citoyens que d’autres scrutins, même si l’on observe depuis plusieurs années une montée inquiétante de l’abstention (84% des jeunes n’ont pas voté lors des élections régionales de 2021 !).

Mais jusqu’à présent, le débat public pour les présidentielles s’est essentiellement focalisé sur la personnalité de certains candidats,  plus que sur l’évaluation des mesures concrètes qu’ils comptent mettre en œuvre pour mieux organiser le pays, réformer sa bureaucratie, lever les nombreux blocages, dynamiser l’économie, libérer les initiatives et l’esprit d’entreprendre.

Addiction à la dépense publique.

Après deux années où l’Etat a dépensé « sans compter » pour faire face à la pandémie et compenser l’arrêt administratif de nombreuses activités, les déficits budgétaires ont explosé, de même que l’endettement extérieur du pays (qui frôle les 120% du PIB !), tandis que notre balance commerciale enregistre un déficit de près de 85 milliards d’euros, le pire record de notre histoire !
Autant dire que le marge de manœuvre du futur président sera très serrée…

Mais il semblerait que la pandémie et les largesses de la banque centrale européenne qui a fait marcher au sens littéral la « planche à billet » (création de monnaie sans contreparties réelles) aient contribué à installer durablement l’addiction des Français à la dépense publique.

Beaucoup de catégories attendent ou espèrent que l’État-Providence en fasse encore plus…

Pendant ce temps, les réformes indispensables, sans cesse annoncées, toujours repoussées, restent en souffrance : réforme du fonctionnement de l’Etat-Léviathan et de son millefeuille administratif, réforme des retraites, régionalisation de Pôle Emploi…

D’autant que devient pressante la transition écologique et énergétique des entreprises, de nos modes de production, laquelle exige des investissements considérables dans la durée. Sans oublier le chantier de la « digitalisation » face au monopole des GAFAM…

Les mouvements patronaux ont élaboré leurs propres propositions à l’adresse des candidats et du futur président, parmi lesquelles la réduction des impôts de production et des charges sociales figure en bonne place, afin de « mettre la France en phase avec le niveau moyen des prélèvements fiscaux et sociaux en Europe.

Les dépenses publiques ont atteint un tel niveau dans notre pays qu’il sera difficile aux futurs dirigeants de s’engager, sinon en provoquant grincements de dents et agitation sociale, dans la voie du « dépenser moins, dépenser mieux »

Or le contexte actuel est nettement défavorable aux coupes budgétaires et à la rigueur comptable : la pandémie puis la guerre en Ukraine ont démultiplié les facteurs inflationnistes ; la défense du pouvoir d’achat devient la première préoccupation de l’électeur.

De quoi inciter à la démagogie et à évacuer le débat sur l’avenir de notre « modèle social ». *

Avant la crise de la Covid-19 notre pays se targuait d’avoir le « meilleur système social au monde »… En révélant nos lourdeurs bureaucratiques, les pénuries de masques, de respirateurs et de lits, la pandémie a mis  à rude épreuve ce « modèle » idéal !

Il est à craindre que la vraie question ne soit plus désormais « Quel modèle social voulons-nous ?», mais « Quel modèle social avons-nous les moyens d’entretenir ? »

* Voir notre article à propos des présidentielles de 2017 : « Le « modèle social français » en questions »

  • Notre sélection de janvier-février 2022

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Le droit à la déconnexion peut-il remédier au « stress numérique »?

Avec la pandémie, la généralisation du télétravail et l’usage intensif des écrans (visioconférences, téléshopping, téléconsultations, SMS, réseaux sociaux, VOD, …) ont généré une nouvelle forme d’affection qualifiée de « stress numérique ». En d’autres termes, il s’agit d’un surmenage mental causé par une sur-sollicitation de l’attention par une masse d’informations excédant notre capacité de traitement.

La France qui n’est jamais en reste en matière de lois et de réglementations en tout genre a institué un « droit à la déconnexion », entré en vigueur il y a cinq ans, le1er janvier 2017, dans le cadre de la loi Travail.

Ce dispositif – inspiré par un rapport du consultant Bruno Mettling , ex-DRH d’Orange -, oblige les dirigeants d’entreprises de plus de 50 salariés à mettre en place « de manière négociée ou unilatérale », une régulation de l’usage des outils numériques afin de contribuer au respect du nécessaire équilibre entre vie professionnelle et vie privée.

Consulendo avait rendu compte en son temps de l’entrée en vigueur de ce nouveau droit.

Dans un pertinent article du Figaro du 16 janvier 2022, Corinne Caillaud souligne que ce droit est « malmené depuis la crise sanitaire » et le « recours au télétravail à haute dose »… Et « si nombre d’entreprises redoublent de vigilance, écrit la journaliste, certaines pratiques restent difficiles à corriger… » Elle cite notamment Mathilde Le Coz, directrice des ressources humaines de la société de conseil Mazars (4000 salariés en France), arguant qu’un « important volume de mails est très intrusif, et véhicule une injonction de réactivité immédiate [de la part du collaborateur] qui peut être oppressante »… Face à ces enjeux, Mazars a décidé de recourir à la solution Mailoop, « permettant de taguer les mails reçus, pour indiquer si ceux-ci ont été envoyés à une heure indue, ou s’ils estiment avoir été mis en copie de façon intempestive, ou au contraire si le courriel expédié fournit une ressource, voire… fait du bien. (…) Les managers reçoivent un rapport réalisé sur la base des réponses anonymisées, qui leur indique la façon dont leurs envois ont été qualifiés. » Et « lorsque le feedback est négatif, ce type d’outil aide à faire évoluer les comportements », constate la DRH.

Corinne Caillaud nous apprend que 25 000 accords d’entreprises intégrant ce droit à la déconnexion ont été signés. Ce qui est tout à fait honorable puisque notre pays ne compterait que quelque 38 000 entreprises de plus de 50 salariés. Mais une avocate spécialisée citée dans ce même article fait valoir qu’en cas de non-respect de ce droit à la déconnexion, « le code du travail ne prévoit pas de sanctions particulières »

L’amélioration des pratiques, en ce domaine comme dans d’autres, dépendra donc du climat social dans l’entreprise, de la confiance entre les acteurs, de la qualité de la négociation, sans oublier le style de management adopté par les dirigeants.

>>> Lire sur Consulendo « Le droit à la déconnexion dans l’entreprise : quelle approche adopter ? »

 

  • Notre sélection de janvier 2022

Anniversaire : l’€uro, 20 ans dans les poches des Européens

Il y a vingt ans, nos doigts touchaient pour la première fois des billets de la monnaie unique européenne!  Partout, les gens avaient fait la queue la nuit de la Saint-Sylvestre devant des DAB pour être les premiers à obtenir la nouvelle devise…

Dès avant même sa naissance en espèces sonnantes et trébuchantes, la monnaie d’une partie des membres de l’Union européenne avait suscité de nombreux débats, critiques et controverses. Il y avait les Pour et les Contre.

Nous ne reviendrons pas ici sur la question de savoir s’il aurait mieux valu avoir une « monnaie commune » plutôt qu’une « monnaie unique ». Toujours est-il que parmi  les principaux candidats à la présidence de la République française, aucun ne fait campagne aujourd’hui sur la sortie de l’euro… Ce qui n’était pas le cas en 2012 ou en 2017.

« Quoi qu’il en coûte ».  C’est qu’entre temps, la crise de la Covid19 est passée par là : la Banque centrale européenne a accepté, bon gré mal gré, de faire tourner la planche à billets pour venir au secours de l’économie des États-membres. C’est ainsi que la France a pu s’engager à panser les plaies de tous les secteurs d’activité contraints à l’arrêt total ou  partiel, « Quoi qu’il en coûte ».

Si la France a pu s’endetter à si bon compte sur les marchés financiers, c’est grâce à la solidité de l’euro, grâce aux excédents monétaires allemands et aux solides « fondamentaux » de l’économie de notre voisin Outre-Rhin. Imaginons ce qui se serait passé, si la France n’était pas dans la zone euro : elle aurait dû dévaluer plusieurs fois le franc et elle n’aurait pu s’endetter qu’au prix fort, à des taux d’intérêt exorbitants…

La pandémie a finalement entraîné une révision de la doctrine « orthodoxe » qui présidait au lancement de l’euro dans l’esprit des rédacteurs du traité de Maastricht (1992) : il s’agissait alors de faire converger les politiques budgétaires des États-membres vers une gestion vertueuse totalement focalisée sur la limitation du déficit des dépenses publiques. La Covid19 a atomisé la sacro-sainte règle des « 3% » de déficit maximum autorisé!

Même si les Allemands visent un retour prochain à l’orthodoxie budgétaire, – et l’on peut leur faire confiance pour nous rappeler régulièrement que « les bons comptes font les bons amis », on peut induire que la gestion commune de l’euro s’orientera vers une meilleure prise en compte des objectifs de croissance économique et de création d’emplois, ainsi que des impératifs de transition énergétique et environnementale.

La France qui assure, pour six mois, la présidence tournante de l’Union européenne poussera certainement dans ce sens.

  • En 2017, nous avions publié une tribune de l’économiste Bruno Colmant, invitant à opérer une « adaptation idéologique » de l’euro : en lui donnant comme priorité la croissance et le plein-emploi, et non plus exclusivement la lutte contre l’inflation.

 

  • Notre sélection de novembre 2021

 

Un revenu pour tous

(crédit photo : Pixabay)

L’idée revient régulièrement dans le débat public. La pandémie de la Covi-19 et les mesures restrictives pesant sur l’activité économique ont amputé le revenu de nombreux travailleurs à temps partiel ou précaires, comme des étudiants ou des indépendants et free-lance. Du coup des voix se sont élevées pour demander l’extension du RSA (revenu de solidarité active) aux moins de 25 ans.

Le gouvernement a écarté cette proposition, notamment en raison de son coût sur des finances publiques particulièrement dégradées depuis les dépenses à tout-va engagées durant la pandémie. Il a plutôt opté pour la mise en place, à compter du 1er mars 2022, d’un « contrat d’engagement jeune » (CEJ) qui accorderait une allocation jusqu’à 500 euros par mois aux moins de 26 ans sans formation ni emploi,  à condition justement qu’ils suivent une formation, un stage, un parcours d’insertion professionnelle, dans le cadre d’un dispositif d’accompagnement  « sur mesure »…

A l’approche des élections présidentielles de 2022, nul doute que les programmes des candidats en lice fourmilleront de propositions plus ou moins généreuses (et plus ou moins financées!) pour augmenter le revenu net des Français.

L’idée d’un revenu universel d’existence est populaire à gauche. L’économiste Thomas Piketty propose même d’allouer à chaque personne un « patrimoine universel » de 100 000 euros lui permettant de bien démarrer dans la vie… un tel cadeau inespéré serait évidemment financé par un super-impôt sur les plus fortunés (ce qui ferait le bonheur des paradis fiscaux).

A droite, certains ont proposé de fusionner toutes les aides sociales existantes (tant elles sont nombreuses!) en une « allocation sociale unique ».  Mais la philosophie la plus partagée est qu’il faut lier le revenu au travail et que les aides ne doivent surtout pas dissuader une personne de reprendre une activité rémunérée (à condition que cette dernière soit plus attractive que l’assistance). Ainsi Xavier Bertand propose de remplacer l’actuelle prime d’activité par une « prime au travail pour rapprocher le salaire net du salaire brut : avec cette prime, aucun salarié à temps plein ne gagnerait moins de 1 500€ par mois… »

Des libéraux, comme le think-tank Génération libre, sont favorables à un revenu universel, lequel prendrait en fait la forme d’un impôt négatif (suivant la formule imaginé par le prix Nobel d’économie 1976 Milton Friedman), une rétribution versée par l’administration fiscale à tous les citoyens dont les revenus seraient inférieurs à un niveau minimal défini.

Expérience décevante. Les partisans d’un « revenu universel » versé par la puissance publique devraient cependant méditer les leçons de l’expérience italienne : Le Figaro Economie nous informe que le gouvernement italien est confronté aux effets pervers du « revenu citoyen » institué en 2019 et qui bénéficie à 3,8 millions de personnes, notamment dans le sud du pays. De nombreuses fraudes et fausses déclarations ont été constatées, d’une part, et, d’autre part, alors que de nombreux secteurs d’activité ont besoin de main d’œuvre, les autorités italiennes déplorent « le rôle dissuasif du revenu citoyen pour prendre un emploi déclaré »…

>>> relire aussi notre article de mars 2017 sur les débats à propos du « partage » du travail :  Le travail est-il fini?

 

  • Notre sélection de l’été 2021

Simplifier…  en France, c’est compliqué!

crédit photo : Ag Ku – Pixabay

La simplification administrative est une promesse récurrente des gouvernements successifs. Hélas, l’État français est une énorme machinerie qui produit, à jet continu, lois, normes, règlements, circulaires et autres injonctions administratives… si bien qu’elle rend obsolète l’adage « Nul n’est censé ignorer la loi » – sauf à faire assister chaque citoyen par un cabinet d’avocats spécialisés!

Le quinquennat d’Emmanuel Macron n’échappera pas à cette règle non écrite, bien qu’il ait proclamé la réforme de l’État au rang de ses priorités  – à sa décharge, rappelons que son prédécesseur François Hollande avait promis en mars 2013 un « choc de simplification »…

Mais, à chaque fois, les mesures annoncées, partant souvent d’intentions louables, sont étouffées par la luxuriance touffue de notre droit et de notre arsenal réglementaire – La crise sanitaire n’a fait que rajouter une nouvelle couche de logorrhée administrative!  Et face au Goliath bureaucratique, le citoyen n’est qu’un petit David désarmé…

Toujours est-il que le 21 juillet 2021, le Sénat a adopté en première lecture, après modifications, le projet de loi initialement dit « 4 D », porté par Jacqueline Gourault, ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales. Ce texte vise à clarifier les prérogatives des collectivités territoriales dans l’esprit de la décentralisation, à éviter les « doublons », et à simplifier l’action publique au bénéfice des citoyens.

Il est significatif que ce projet de loi  initialement appelé « 4D » pour « Différenciation, Décentralisation, Déconcentration et Décomplexification » (sic), ait été rebaptisé « 3DS ».  Le législateur a remplacé le 4ème D par un « S » pour simplification… vocable évidemment plus simple et moins technocratique que le lourd barbarisme de « Décomplexification » (mais quel bureaucrate a donc pu inventer ce galimatias!) . Initialement composé de 84 articles, le texte est ressorti du Sénat avec 200 articles… Toujours cette inflation textuelle! Il restera à trouver un créneau dans un calendrier parlementaire très chargé jusqu’à la présidentielle, pour faire adopter le texte par l’Assemblée nationale.

De sont côté, la députée Valérie Petit a récemment interpelé le gouvernement et déposé une proposition de résolution pour faire reconnaître le « burn-out administratif » des usagers victimes de l’Absurdistan, les défendre face à l’hydre administrative : « Des Français perdus, stressés, découragés, (nous) demandent de les sauver de relations labyrinthiques et de situations absurdes avec l’administration. Souvent, les problèmes rencontrés par nos concitoyens se résument à un seul, implacable : ils n’entrent pas dans les cases prévues par l’administration. La faute à des parcours de vie singuliers, la faute, aussi, à une complexité administrative et à une dématérialisation des démarches qui fait peser sur nombre d’entre eux une angoisse quasi-existentielle : celle de cocher la mauvaise case ou, pire, de n’en cocher aucune…« , a notamment déclaré le 20 juillet à l’Assemblée nationale la députée ( membre du groupe Agir Ensemble, majorité présidentielle).

  • Dans le cadre de cette rubrique « Retour sur » nous évoquerons le feu Conseil de la simplification pour les entreprises, créé en janvier 2014 et qui fut coprésidé par l’ex-député Laurent Grandguillaume, et la chef d’entreprise Françoise Holder (Groupe Paul). Une fiche officielle annonce que « le programme de simplification pour les entreprises compte aujourd’hui 485 mesures – dont 312 mesures proposées par le Conseil de la simplification pour les entreprises (…) Elles portent sur chacun des moments de vie clés d’une entreprise de sa création à sa transmission, en passant par l’embauche, la formation, ou encore l’exercice de son activité (…) »

Les dirigeants d’entreprises et les entrepreneurs individuels ont-ils le sentiment que la complexité administrative a été réduite dans leur quotidien?

>>> Relire notre article d’octobre 2014 : Simplification : de nouvelles mesures en faveur des entreprises

 

  • Notre sélection de juin 2021

Le siège social du groupe indépendant Lea Nature à Périgny, en Charente maritime

Régions, territoires, terroirs… et entreprises

Les élections départementales et régionales des 20 et 27 juin 2021 nous donnent l’occasion d’évoquer les liens entre une entreprise et son territoire.  Sont-ils forts, historiques, culturels, ou bien transitoires, aléatoires, conditionnés par l’effet d’aubaine, la recherche d’aides et de subventions?

Un « enracinement » local est certainement le critère qui différencie la société « anonyme », celle qui fonctionne selon une logique purement financière et spéculative, de la société indépendante ou familiale, culturellement attachée à son « terroir », à ses racines.

Les entreprises « patrimoniales », celles où les dirigeants risquent leur propre argent, sont à l’origine de l’essor du capitalisme et de l’augmentation de la prospérité générale, avant d’être « challengées » au cours du 20ème siècle par les « entreprises managériales » et technocratiques, propriétés d’un actionnariat diversifié, diffus et lointain, gérées par des managers salariés…

Pourtant le capitalisme familial a défié le temps et compte de très beaux fleurons. Des entreprises fières de leurs racines, qui les revendiquent et y puisent une part de leur performance dans la durée. On pense, par exemple, à Michelin à Clermont-Ferrand, Legrand à Limoges, Thuasne à Saint-Etienne, Fleury-Michon en Vendée, ou, de création plus récente, l’entreprise Léa Nature implantée à Périgny près de La Rochelle…

Comme entre un vin et son terroir, entre l’entreprise « enracinée » et son environnement régional, culturel, humain, se produisent des échanges subtils :  il en ressort une tradition, des savoir-faire, des coopérations, de l’empathie, de l’énergie… autant d’éléments propices à sa pérennité (même s’ils ne dispensent pas d’une saine gestion !).

Deux études récentes confirment l’importance bénéfique pour une entreprise de son ancrage régional.

  • Sollicité par la FEEF (Fédération des entreprises et entrepreneurs de France),  le cabinet Asterès a réalisé ce printemps une enquête originale sur les PME indépendantes spécialisées dans de la fabrication de produits de grande consommation (alimentaires et non alimentaire).  Aux dires de cette étude, « l’ancrage territorial pérenne de ces entreprises créé des liens bénéfiques réciproques avec la société qui les entoure:  création d’emplois locaux; investissement de long terme sur les salariés (importance accordée à la formation); forte dimension sociétale (près de 70% de ces entreprises sont engagées dans une démarche RSE); un important maillage industriel du territoire (33 000 sites de production); priorité donnée aux approvisionnements français (plus de 50%); croissance rapide et dynamique par rapport aux grands groupes et à leurs filiales.  Parallèlement, « cette étude révèle que les effets d’entraînement de ces entreprises indépendantes sur l’ensemble de l’économie sont particulièrement forts. »
  • Dans le Figaro Economie du 31 mai 2021, notre consœur Corine Caillaud rend compte de l’ouvrage « Pérennité, innovation et résilience des entreprises«  coécrit par Marc Giget et Véronique Hillen. Ce livre est le fruit d’une enquête internationale menée par ces deux experts pour identifier les facteurs permettant aux entreprises de se développer malgré les crises, les conflits et la concurrence mondialisée. Il en ressort aussi qu’un bon ancrage régional est un facteur de pérennité : « Malgré les différences culturelles, les entreprises qui se montrent les plus résilientes ont des caractéristiques communes. Au Japon et en Allemagne, pays rois de l’entreprise pérenne, avec l’Autriche et la Suisse, les sociétés historiques ont, toutes, une forte implantation locale. Elles sont attachées à leur région et vice versa. À tel point que les dirigeants ont le sentiment qu’ils n’ont pas le droit de faillir tant les engagements réciproques sont importants avec les fournisseurs, les clients et les salariés. (…) Leur dimension internationale, représente également un atout, car il est rare que tous les marchés soient en difficulté en même temps. Les sociétés familiales qui ne sont pas cotées en Bourse et contrôlent leur capital ont aussi cette continuité dans le temps. »

>>> Sur ce sujet, lire ou relire notre chronique publiée il y a une dizaine d’années sur Consulendo : « Une entreprise a-t-elle besoin de racines? »

 

  • Notre sélection d’avril 2021

Les indépendants dans l’angle mort des politiques publiques

crédit photo : Mohamed Hassan – Pixabay

N’étant ni des salariés, ni à la tête d’une entreprise employeuse, les indépendants sont un peu dans le « trou noir » des politiques publiques. Ce n’est pas nouveau. Les administrations et les syndicats ont toujours été mal à l’aise avec cette catégorie qui regroupe pourtant plus de 3 millions d’actifs, exerçant dans des métiers très divers et sous des statuts différents, et que par commodité les pouvoirs publics définissent négativement comme des travailleurs non-salariés

La crise économique née de la Covid19 n’a rien arrangé. Si l’État a dépensé sans compter pour « protéger les salariés et les entreprises », de nombreux indépendants ont le sentiment, à tort ou à raison, de ne pas cocher les bonnes cases et d’être des laissés pour comptes ou des victimes collatérales.

C’est ce que confirme un sondage réalisé en avril 2021 par l’institut Odoxa pour Union-Entrepreneurs, un collectif créé récemment avec le soutien de la CFDT pour défendre les indépendants.

Selon cette enquête réalisée auprès de 2000 indépendants, ceux-ci s’estiment durement touchés par la crise sanitaire qui a pénalisé leur activité  (84% des sondés) et disent que leur rémunération a baissé de 22% entre 2019 et 2020…

Jouissant d’une bonne image auprès des Français et s’épanouissant dans une activité qu’ils ont choisie, 77% des indépendants interrogés se sentent très mal pris en compte par les politiques publiques de soutien économique consécutive à la crise et déplorent les inégalités de protection sociale.

Les résultats de cette enquête n’auront sans doute pas échappé à la sagacité du ministre délégué aux PME, Alain Griset, qui doit présenter prochainement un Plan en faveur des indépendants.

Il y a dix ans, en 2011, le Centre d’analyse stratégique (CAS) rattaché au Premier Ministre, avait sorti un rapport sur « Le travail et l’emploi dans vingt ans » qui pointait les grandes évolutions à l’œuvre telle que la montée en nombre des « free-lance » (on était deux ans après le lancement du régime de l’auto-entrepreneur): le CAS y soulignait  « la poursuite de l’éclatement des univers du travail, à la fois temporels, spatiaux et organisationnels. Cela se traduit par une segmentation accrue “des mondes du travail” et une hétérogénéité croissante des situations »… dont « l’essor du travail nomade » (…) L’affaiblissement du lien de subordination dans l’univers professionnel, une demande forte d’autonomie dans le travail et de meilleure articulation entre vie privée et vie professionnelle… »

Audité dans ce contexte par le CAS, le consultant et journaliste Michel Paysant avait réalisé une étude sur l’avenir du travail indépendant que Consulendo avait publié en octobre 2010 et que vous pouvez lire ou relire sur ce lien:

L’essor du travail indépendant, par Michel Paysant

 

  • Notre sélection de février 2021

Toujours plus d’auto-entrepreneurs et encore plus jeunes!

Malgré la crise sanitaire, le dynamisme entrepreneurial reste fort en France : 848 200 créations d’entreprise enregistrées en 2020, (4 % de plus qu’en 2019), un chiffre record, selon les dernières données publiées par l’Insee.

Cette augmentation est surtout due aux immatriculations d’entreprises individuelles sous le régime du micro-entrepreneur (ex-auto-entrepreneur,  + 9 %), tandis que les créations d’entreprises individuelles classiques diminuent (−13 %). Les créations sous forme de  sociétés restent stables.

Les secteurs qui progressent le plus sont les activités de transports et d’entreposage (+ 22 %), le commerce (+ 9 %) et les activités immobilières (+ 10 %).

98% des nouvelles unités créées n’emploient aucun salarié!

L’âge moyen des créateurs d’entreprises individuelles est de 36 ans. La part des moins de 30 ans s’accroît, elle est de 41 % (38 % en 2019 comme en 2018).

Les femmes représentent 40% des créateurs (chiffre stable depuis 2015).

12 ans après le lancement du régime de l’auto-entrepreneur (assimilé depuis 2016 à celui de la micro-entreprise), cette forme d’entrepreneuriat séduit toujours : 548 000 créateurs se sont enregistrés sous ce régime en 2020, contre 502 000 en 2019.

En 2009, année de mise en place de ce nouveau régime fiscal et social par le ministre Hervé Novelli,  ils étaient 320 000 à l’avoir adopté.

Expert en entrepreneuriat, André Letowski avait tiré pour Consulendo les premiers enseignements de cette petite « révolution » dans l’écosystème de la création d’entreprises… La moitié de ces premiers auto-entrepreneurs exerçaient une double activité (32% comme salarié) et 17% étaient des retraités. Un tiers de ces nouveaux créateurs n’avaient pas facturé de clients en 2009…

>>> « Une révolution entrepreneuriale ? » Consulendo 2010

 

  • Notre sélection de décembre 2020

Hommage : Jean-Louis Servan-Schreiber

Jean-Louis Servan-Schreiber

« Apprivoiser le despote du temps… »

 

Quatre ans après Jean Boissonnat disparu en 2016, Jean-Louis Servan Schreiber, « JLSS », est décédé le 28 novembre 2020, des suites de la Covid-19. Ensemble, ils avaient créé en 1967 L’Expansion, le premier magazine de vulgarisation économique destiné à la classe montante des cadres (dont le nombre a dépassé celui des ouvriers…).

Né dans une famille d’hommes de presse (créateurs des Echos et de L’Express), il débute très jeune dans le journalisme, d’abord auprès de son père et de son oncle aux Echos, puis auprès de son frère aîné Jean-Jacques, « JJSS »,  à L’Express; lequel l’envoie aux Etats-Unis décrypter les recettes des newsmagazines. Mais Jean-Louis Servan-Schreiber prendra rapidement son envol avec la création en 1967 de L’Expansion avec Jean Boissonnat « débauché » du quotidien de la rue Bayard,  La Croix. On connaît le succès de ce groupe de presse, auquel je suis fier d’avoir collaboré, et qui a compté en son sein de nombreux titres-phares comme Lire, L’Entreprise, La Vie Financière, La Tribune
Journaliste ET entrepreneur, deux compétences rares dans la même personne, JLSS fut probablement un des derniers propriétaires de presse capable d’écrire avec talent un article en urgence un soir de bouclage…

Constamment à l’affut des nouvelles tendances et des évolutions des modes de vie, il avait tôt pressenti avec son ami Joël de Rosnay que la révolution Internet allait bouleverser complètement l’univers des médias.
Contraint de céder le contrôle du Groupe Expansion à Havas en 1994, il avait rebondi en créant avec succès un magazine économique au Maroc avec sa deuxième épouse Perla, avant de racheter en France Psychologie Magazine, une publication que le couple a fait prospérer en quintuplant sa diffusion… A peine après avoir cédé ce magazine au groupe Lagardère, ils se lancèrent à nouveau en 2010 dans une autre aventure éditoriale en publiant « Clés », un magazine de réflexion et de prospective.

Editions Albin Michel – 2020

Hanté par « l’Art du temps », titre d’un de ses dix-sept essais, JLSS a su aussi faire fructifier l’obsession de sa vie : agendas, séminaires, conférences, livres …  On ne sera pas étonné que son dernier livre paru en janvier 2020 s’intitule « Avec le temps ». En préambule de son ouvrage, JLSS écrivait : « Le temps, mon maître implacable en toutes choses (…) Très tôt j’avais entrepris d’apprivoiser ce despote, pour tirer de la vie tout ce qui est possible. Les années, les décennies ont passé, elles m’ont transformé. J’ai appris que, contrairement à ce que chantait Léo Ferré, non « avec le temps… tout ne s’en va pas ». J’ai lancé des journaux, une radio, des livres. J’en ai tiré d’intenses satisfactions, mais c’est derrière moi. Les souvenirs ne font pas vivre, la famille, le couple, l’amitié, oui. Ils font le miel de mes années tardives, dont je déguste chaque journée. »

En 2012, JLSS avait donné une conférence au Conseil économique et social (CESE) … sur le thème de « la valeur du temps ». Je lui avais demandé à l’issue de son intervention s’il m’autorisait à reprendre son texte sur Consulendo.com. Ce qu’il fit immédiatement.
En guise d’hommage, voici le lien vers ce texte publié sur Consulendo en novembre 2012.  J’adresse à sa famille et à ses proches mes sincères condoléances.

J.G.                                >>>« Quelle est la valeur du temps » par Jean-Louis Servan-Schreiber

 

  • Notre sélection de novembre 2020

L’Entrepreneur et le Politique

crédit photo : Mohamed Hassan – Pixabay

Pour certains, l’amour est un combat.
Les relations complexes, ambivalentes, fluctuantes, compliquées et néanmoins indispensables, entre les décideurs politiques et les entrepreneurs sont aujourd’hui mises à rude épreuve par la persistance de la crise de la Covid-19.

Ces dernières années, à différentes occasions, les politiques ont  multiplié les déclarations d’amour aux entrepreneurs sur l’air de: « J’aime l’entreprise! » Dans une conjoncture où la croissance économique semblait reprendre durablement de la vigueur, l’idylle paraissait solide…

Hélas, l’arrivée inopinée et brutale de la Covid-19 au début de cette année a mis sous tension le couple politique-entrepreneur.

La crise sanitaire a redonné un pouvoir absolu aux politiques qui ont, du jour au lendemain, repris le contrôle des leviers économiques, faisant démentir tous ceux qui dénonçaient le pouvoir sans partage des grandes entreprises « plus puissantes que des États »…

Des pans entiers de l’économie ont été mis en coma artificiel et placés sous perfusion d’argent public, subitement devenu illimité (au prix d’un endettement vertigineux!)

L’enchaînement de mesures régaliennes autoritairesconfinement, couvre-feu, fermeture des bars, restaurants et des commerces jugés « non essentiels »… a mis les entreprises sous la tutelle de la décision politique. En compensation, l’État ouvrait en grand les vannes des aides et allégements de charge… Quitte à enfermer les chefs d’entreprise dans la caricature du « chasseurs de primes »…

Avec l’instauration d’un nouveau confinement cet automne, le torchon brûle au sein du ménage politique-entrepreneur.

Un vent de fronde s’est levé parmi de nombreux professionnels qui s’estiment injustement pénalisés par le durcissement des contraintes sanitaires ou des interdictions qui les frappent,  ce qui pourrait conduire de nombreuses entreprises à la faillite…

Plus que des aides, les entrepreneurs réclament aujourd’hui de l’activité. Pouvoir vivre de leur travail et non de subsides.

Les politiques, chargés de la gestion du « bien commun », invoquent la priorité absolue de la Santé Publique sur tout le reste pour justifier le carcan réglementaire imposé à nouveau aux entreprises.
Un discours qui passe beaucoup moins bien que lors du premier confinement en mars : de nombreux chefs d’entreprise craignent cette fois de mourir… guéris.

>>>Lire ou relire notre chronique d’octobre 2016: « Entrepreneurs,
qu’attendre des politiques ? »

 

  • Notre sélection de l’été 2020

 

Un monde tout-écran

La société du tout-écran et l’Internet sont les grands gagnants de la crise sanitaire!

Les mesures coercitives de confinement des populations, adoptées dans la plupart des pays, ont renforcé, sans commune mesure, l’omniprésence des écrans dans la vie quotidienne. Privés de sortie,  cantonnés chez eux, les adultes comme les enfants se sont immergés allègrement dans le monde multimédia. D’autant que le télétravail et l’école « à distance » n’ont fait qu’augmenter le temps passé devant les écrans…

Comme nous l’écrivions il y a déjà 18 ans, le temps consacré aux écrans devient la première activité de la vie éveillée!

Depuis, la généralisation des smartphones et l’explosion des « médias sociaux »  ont démultiplié le temps de connexion multimédia.

Pour la partie information/divertissement, Médiamétrie nous apprend que « la durée d’écoute individuelle de la télévision s’est élevée en moyenne à 4h41 quotidiennes, contre 3h29 un an auparavant, soit une augmentation de plus d’un tiers… » Chez  les 15-24 ans, l’augmentation du temps dédié à la télévision est la plus marquée : avec 65% de progression!

Pour les adolescents, le tiercé Internet-télé-Jeux vidéos a accaparé leur attention pendant plus de 33 heures par semaine pendant le confinement, soit 50% de plus qu’auparavant, selon une étude d’Harris Interactive.

Notre nouvelle condition d’Homo Connexus

Télé-shopping, téléconsultations, téléconférences, télétravail, télévision… La Covid-19 nous a plus que jamais assignés à une société de la connexion et de la « virtualisation ».

C’est désormais notre condition humaine moderne  d’Homo Connexus : Connecto ergo sum! Comme nous le soulignions sur Consulendo.com, l’été 2017.

Cette hyperconnexion effrénée, parfois compulsive, nous fait vivre dans un état de veille et de stimulation permanentes, qui peut être source de stress, d’anxiété et de frustration.

Par ailleurs, cette connexion ininterrompue aux écrans contribue aussi à brouiller la frontière entre vie réelle et vie iconique, entre vie privée et vie professionnelles  Ce qui peut entraîner du surmenage, des tensions, des troubles psychologiques,  de la fatigue nerveuse, voire des états de « Burn-Out« …

Toutefois, après de semaines de confinement, le besoin de « déconnexion » s’est lui aussi fait sentir, de même que l’envie de retrouver la vie « en vrai », les relations en direct, les échanges interpersonnels en face à face… 

Le « déconfinement » sera-t-il aussi synonyme de « désintoxication » à nos addictions numériques?

L’été est en tout cas la saison appropriée pour y songer…

 

  • Notre sélection de Mai 2020

crédit : Union européenne

L’Europe, quand même

La focalisation médiatique sur le coronavirus a quasiment éclipsé le 70ème anniversaire de l’acte fondateur de l’Union européenne.  Le 9 mai 1950, Robert Schuman, ministre français des Affaires étrangères de la 4ème République, propose à l’Allemagne et au-delà aux autres pays, la création d’une organisation européenne dont la vocation serait la mise en commun des productions de charbon et d’acier.

Ainsi est née, sept ans avant la signature du Traité de Rome, la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), socle fondateur de notre Europe actuelle.

Voilà pourquoi, le 9 mai, dans tous les pays de l’Union, on célèbre la « Journée de l’Europe ».

Cette année, il est vrai, beaucoup d’Européens ont été contraints de rester reclus afin de limiter les risques de contamination du Covid-19, ce qui réduit les effusions et les manifestations festives…

La crise sanitaire a aussi fait ressortir que la construction européenne était loin d’être achevéeEn effet, la santé demeure une prérogative de chaque Etat-membre, et l’on a pu observer, outre un manque de solidarité entre membres au début de la pandémie, des différences nationales dans la gestion de la crise, en fonction des institutions politiques, des modes  d’organisation du système de soins ou de la plus ou moins grande décentralisation des pouvoirs… Cela a aussi occasionné quelques confusions regrettables dans la gestion des frontières au sein de l’espace commun (convention de Schengen)…

Malgré cela, les États de la zone Euro ont trouvé un soutien sans faille auprès de leur Banque centrale qui a ouvert grand les vannes du crédit, permettant aux gouvernements de s’endetter, bien au delà de ce qu’on aurait pu imaginer en temps « normal », et d’injecter d’énormes liquidités dans des plans de soutien aux économies nationales.

Et finalement, le 18 mai 2020, Emmanuel Macron et Angela Merkel ont trouvé un accord pour lancer un programme de relance économique de 500 milliards d’euros, en faveur des régions et des secteurs d’activité particulièrement éprouvés par la crise du Covid-19. Nouveauté de cette initiative commune, elle sera financée via un emprunt mutualisé au niveau de l’Union européenne, et non souscrit par chacun des Etats membres séparément.

Malgré toutes les critiques que s’attire régulièrement l’Union européenne, nous pensons que dans le monde actuel, encore plus risqué et incertain, où rivalisent les grandes puissances comme les Etats-Unis et la Chine, nous n’avons pas d’avenir en dehors de l’Europe.

Aucun pays ne peut espérer « peser » tout seul sur la marche du monde

Seul un groupe de nations unies autour d’une histoire commune, de valeurs partagées et de projets d’avenir a des chances de se faire entendre, et d’engager des actions significatives.

Au plan économique, l’Union européenne, représente arithmétiquement la première puissance du globe. Même s’il s’agit, pour le moment, d’une vision essentiellement … statistique : il subsiste toujours des disparités entre Etats-membres, (fiscalité, droit social, pratiques commerciales, etc.), et nous devons continuer à progresser vers une meilleure coordination des politiques publiques.

Mais, face aux enjeux environnementaux, technologiques, économiques, démographiques, face aux défis que pose la transformation du capitalisme spéculatif et de la mondialisation des échanges, l’Europe reste le meilleur échelon pour proposer un modèle original, un modèle humaniste, une voie responsable et de progrès social…

>>>Lire notre article de mai 2017 : L’Europe, notre histoire, notre avenir

 

  • Notre sélection d’avril 2020

Revenu universel : l’idée redevient contagieuse

crédit photo : Pixabay

On en avait beaucoup parlé pendant la campagne des présidentielles de 2017. Bien qu’ancienne, l’idée avait été remise en selle par plusieurs politiques, dont Benoît Hamon, le candidat officiel du parti socialiste: pourquoi ne pas distribuer à tous les citoyens, de leur majorité à l’âge de la retraite, un « revenu universel d’existence » – « RUE »? L’argument des partisans d’un tel salaire public perpétuel est simple : le travail risque de devenir durablement rare en raison du déploiement à grande échelle de l’automatisation et de l’intelligence artificielle (IA)…

La stratégie de lutte contre la  pandémie du Covid-19 qui a consisté à mettre autoritairement à l’arrêt la moité des activités économiques, et des armées de salariés en chômage partiel, avec une indemnisation prise en charge par la dépense publique, a remis au goût du jour ce « RUE » dans une partie de l’opinion et des élites.

Sauf à unifier en une seule indemnité les allocations sociales existantes telles que le RSA (solution la plus raisonnable), créer un « revenu pour tous » aurait un coût exorbitant pour les finances publiques, lequel ne pourrait être financé que par l’augmentation de la fiscalité sur l’activité productive et commerciale, au risque d’étouffer complètement celle-ci, déjà fortement ponctionnée…

Nous pouvons aussi pointer, comme nous l’avons déjà fait, d’autres effets pernicieux d’un tel « revenu universel »:

  • A quel idéal démocratique cela répond-il que de transformer chaque citoyen en une sorte de « salarié » à vie de l’Etat? Alors que celui-ci a déjà du mal à assurer les principales fonctions « régaliennes » qu’on est en droit d’attendre de lui…
  • Autre argument défavorable : un « RUE » ne dissuaderait-il pas chacun de chercher à conquérir sa dignité par le travail? « Si, en effet, on considère le travail comme une malédiction, une « punition » ou une forme de servitude, alors le « RUE » peut apparaître comme une panacée. Mais si, comme on le pense, écrivions-nous, le travail répond à la vocation créatrice de l’Homme, lui permet de se réaliser en transformant son environnement, en améliorant son quotidien et sa situation, à faire communauté autour d’une œuvre ou d’un projet collectifs, alors il faut favoriser la capacité et la liberté de chacun de générer son revenu par son travail ».

>>>Lire notre article de mai 2017 sur les archives de Consulendo.com

 

  • Notre sélection de février/mars 2020

Entreprises et territoires

©AMF

Les 15 et 22 Mars, dans quelque 36 000 communes, les Français votent pour désigner leurs maire et conseil municipal.

Avec les dirigeants de PME, les maires font partie des rares élites qui conservent un certain crédit auprès des Français, selon la cote d’amour que mesurent régulièrement les sondeurs. Cela est dû à la « proximité », valeur associée à la figure de l’élu local, comme à celui du « patron » de PME ou de TPE. 

La proximité est une valeur plébiscitée à l’heure où la mondialisation et les nouvelles du monde portent un caractère anxiogène, amplifié à l’envi par les réseaux de médias d’information en continue…

L’autre valeur sous-jacente  associée à ces figures du maire et de la TPE est celle de l’enracinement : les Français, même devenus urbains à 80%, gardent dans leur cœur un imaginaire campagnard, une nostalgie d’un monde bucolique – plus fantasmé que réel. Or, dans leur immense majorité, les TPE et PME sont des entreprise de proximité et des entreprises enracinées sur un territoire. Parce qu’elles sont d’abord des entreprises « patrimoniales », c’est à dire qui appartiennent à son fondateur, à sa famille ou à ses proches.

Comme nous l’écrivions sur Consulendo en mars 2010 , « une entreprise patrimoniale a des racines, les assume, les revendique, elle sait les valoriser et y puiser une part de sa performance dans la durée.

Citons, pour l’exemple, des sociétés comme Michelin à Clermont-Ferrand, Legrand à Limoges, Thuasne à Saint-Etienne, Fleury-Michon en Vendée … et, de création beaucoup plus récente, l’entreprise Léa Nature à La Rochelle qui porte un ambitieux projet de biopôle privé, sous l’impulsion de son Pdg fondateur Charles Kloboukoff …

Comme une vigne qui se nourrit d’un terroir singulier pour donner un vin de qualité, l’entreprise patrimoniale tire avantage d’une histoire, d’une culture, de compétences, de soutiens, de réseaux propres au territoire qui l’a vu naître et grandir. Entre l’entreprise et son environnement régional, culturel, humain, il se produit des échanges subtils dont il résulte une tradition, des savoir-faire, une réputation, une forme d’empathie, autant d’éléments propices à sa pérennité… »

Et comme le souligne Sophie Bellon, la présidente du groupe Sodexo, leader mondial de la restauration collective, fondé à Marseille par son père Pierre Bellon, « les entreprises ont aussi une responsabilité à l’égard des territoires où elles sont installées… »

 

  • Notre sélection de janvier 2020

ETI : Les locomotives de l’économie française célébrées à l’Elysée 

 

Les représentants des ETI salués à l’Elysée par Emmanuel Macron le 22 janvier 2020. Au centre on reconnaît Yvon Gattaz.
(crédit photo : Présidence de la République)

500 dirigeants d’ETI (entreprises de taille intermédiaire) ont été reçus mardi 22 janvier 2020 à l’Elysée par le président de la République Emmanuel Macron. Un hommage légitime rendu à ces « pépites » de l’économie insuffisamment connues des Français.

Ni grand groupe, ni PME, les ETI, dont la propriété du capital est principalement aux mains de leurs dirigeants, emploient entre 250 et 4 999 salariés. On en compte « seulement » quelque 5 500 (sur 3,5 millions d’entreprises!), mais elles procurent 25 % des emplois privés et contribuent à 34% des exportations françaises.

Il y a deux ans, en janvier 2018, le Meti, mouvement des entreprises de taille intermédiaires, créé par Yvon Gattaz (qui fut aussi le président du patronat français sous François Mitterrand) publiait un intéressant rapport en partenariat avec l’Institut Montaigne. Consulendo.com en a rendu compte en son temps.

Ce rapport intitulé : « ETI : taille intermédiaire, gros potentiel », piloté par le chef d’entreprise Arnaud Vaissié,  membre du comité directeur de l’Institut Montaigne, dressait à la fois un état des lieux et formulait 16 propositions pour débrider le potentiel de ces locomotives de l’économie française.

Il était notamment rappelé que les ETI ont créé plus de 335 000 emplois nets entre 2009 et 2015, alors que les micro-entreprises en ont « perdu » 100 000 et les grandes entreprises 80 000 !

Cependant, en l’espace de deux quinquennats, la France n’a donné naissance qu’à 1 200 ETI nouvelles. Et notre pays ne fait toujours pas le poids par rapport à l’Allemagne qui compte 12 500 ETI , ou par rapport au Royaume-Uni avec 10 000 ETI, ou même à l’Italie (8 000 ETI)…

Car depuis trois décennies, la France n’a pas réussi à engager autant de réformes structurelles que ses voisins européens. Les entreprises françaises sont pénalisées face à leurs homologues européennes par nos rigidités administratives et culturelles, les pesanteurs réglementaires, sociales et fiscales dont notre pays s’est fait le champion !

« En donnant aux ETI les moyens de redevenir compétitives, la France augmentera ses chances de retrouver sa place dans la compétition internationale. La transformation de notre écosystème actuel doit être menée à l’aide d’initiatives pragmatiques et ambitieuses qui vont de la dynamisation du marché du travail à la sanctuarisation du capital productif en passant par la formation des talents, la représentation des salariés ou encore l’allègement des prélèvements obligatoires. La prospérité d’un pays et la pérennité de son modèle social dépendent essentiellement de la croissance et de la vitalité de ses entreprises », déclarait Arnaud Vaissié, l’auteur du rapport lors de sa présentation il y a deux ans.

Toutefois, des avancées se sont fait jour depuis la publication du rapport.

L’ISF sur le capital actionnarial a été supprimé, ce qui était un frein à la pérennité des ETI françaises (les minoritaires étant souvent contraints de vendre leurs actions pour acquitter l’impôt!). Et la loi PACTE adoptée au printemps 2019, porte un certain nombre de dispositifs favorables aux ETI. Notamment la suppression ou la réduction du forfait social sur l’actionnariat salarié et l’intéressement – c’était notamment une des demandes du rapport du Meti.

>>> Lire dans les archives de Consulendo la synthèse du rapport « ETI : taille intermédiaire, gros potentiel »

  • Notre sélection de décembre 2019

A quoi servent les syndicats?

On les avait vite enterrés, les syndicats, avec la déferlante des Gilets Jaunes depuis un an : on disait que ce mouvement protestataire protéiforme, surgi des tréfonds du pays, leur échappait, que les «organisations représentatives de salariés» ne contrôlaient plus rien…

Certes, en France, à la différence des pays de tradition anglo-saxonne, le taux de syndicalisation des actifs est très faible (moins de 10% dans le privé) mais de là à en tirer un constat d’impuissance…

Ce serait vite oublier, que depuis la Libération, les syndicats contrôlent des leviers stratégiques de notre économie : énergies, transports, télécommunications… Et le projet de réforme des retraites porté par le gouvernement d’Edouard Philippe les a radicalement électrisés.

Depuis ce début décembre, chacun peut constater que les syndicats ne sont pas morts, qu’ils disposent toujours d’un pouvoir de blocage de l’économie… lequel ne rencontre pas vraiment de contre-pouvoir ! Malgré Vélib, Blablacar ou le télétravail…

Phillippe Martinez, le leader de la CGT, reçu à Matignon par le Premier ministre Edouard Philippe, lors de la consultation sur les Ordonnances du travail en 2017

Comme disait l’autre, le plus dur est de sortir d’une grève* …  D’autant que la France n’a pas de véritable tradition du dialogue social et encore moins d’appétence pour le «compromis» social, comme chez nos voisins Allemands ou chez les Scandinaves…

Nos syndicats sont encore empreints d’une culture de la lutte de classes, prompts à l’épreuve de force, convaincus de l’existence d’une opposition irréductible entre les intérêts du salarié et de celui qui l’emploie – fût-il l’Etat…

C’est pourquoi nous vous invitons à relire le point de vue éclairé de celui qui fut le conseiller aux affaires sociales du premier Premier ministre de François Mitterrand, Pierre Mauroy, en 1981, Bernard Brunhes. Ce polytechnicien, fondateur d’un cabinet de consulting réputé, grand connaisseur du secteur public comme des entreprises, et qui fut sollicité comme médiateur dans plusieurs conflits sociaux, est prématurément disparu le 5 septembre 2011. On aimerait entendre sa voix aujourd’hui pour nous éclairer sur le conflit en cours.

* La phrase célèbre est « Il faut savoir terminer une grève» prononcée par Maurice Thorez, secrétaire général du PCF au moment du Front Populaire en 1936

>>>Lire ou relire cette «brève histoire du syndicalisme » français par Bernard Brunhes, dans les archives de Consulendo

 

  • Notre sélection de novembre 2019

Transmettre… ou disparaître

 

Le thème de la transmission-reprise d’entreprise est moins médiatisé que celui de la création.  L’image du créateur, de surcroît s’il s’agit d’un « start-uper », paraît plus glamour que celle du repreneur, dépeint plutôt comme un besogneux…

Pourtant reprendre une entreprise offre beaucoup plus de chances de réussir et de durer que de créer sa boîte ex-nihilo.

 

Le repreneur ne part pas d’une page blanche, il s’appuie sur des actifs, une expérience, un historique, des compétences, des savoir-faire, un portefeuille de clients… A condition d’identifier et de bien sélectionner l’entreprise à reprendre… Le « vivier » est important puisque la Bpce l’évalue à 185 000 entreprises susceptibles de changer de main chaque année… alors que les transactions ne concernent que quelque 50 000 d’entre elles.

C’est que la cession-transmission est par nature un acte délicat, que beaucoup de dirigeants-propriétaires ont tendance à repousser le plus tard possible, et ne claironnent pas qu’ils veulent passer le relais! Du coup, il y a beaucoup de repreneurs affichés que de cédants déclarés.

Il existe cependant depuis quelques années un salon professionnel, créé à l’initiative de la CCI Paris-Île de France et qui rassemble les principaux experts du chiffre et du droit, afin de faciliter la mise en relation entre cédants et repreneurs. Il s’agit du salon Transfair qui se tiendra au Palais des congrès de Paris-Porte Maillot, le 21 novembre.  Ateliers pratiques, conférences, consultations, espace de networking sont proposés aux dirigeants cédants et repreneurs potentiels.

Si la transmission intra-familiale est moins développée en France que dans d’autres pays européens, une autre modalité de cession pourrait être utilement encouragée, c’est la reprise par les salariés.  Les pouvoirs publics s’y s’ont essayé, parfois maladroitement. Après le RES des années 1980, tombé en désuétude,  il y a eu la loi Hamon du 31 juillet 2014 qui fait obligation à tout cédant d’une PME à informer ses salariés de son intention de vendre au moins deux mois avant la cession… Un dispositif qui souleva pas mal de critiques dans le monde patronal et qui, à notre connaissance, est toujours en vigueur…

>>>Sur cet enjeu de la transmission aux salariés, lire notre article de l’été 2014 dans les archives de Consulendo.com

 

  • Notre sélection de septembre 2019

L’emploi ne tombe pas du ciel… Vive les entreprises!

Crédit photo : Pixabay

Selon les derniers chiffres publiés en septembre par l’Insee, 56 200 emplois ont été créés en net (solde des créations et des  suppressions) au deuxième trimestre 2019. Sur une année (mi 2018/mi 2019), la création d’emplois aura atteint 269 900, dont 251 200 emplois créés dans le secteur privé et 18 700 dans la fonction publique.

Ainsi, entre le début de 2015 et la mi 2019, les entreprises privées ont créé pas moins de 936 000 emplois… On s’approche donc du chiffre symbolique du million d’emplois nouveaux, l’objectif quinquennal fixé par l’ex-président du Medef Pierre Gattaz, qui fut alors beaucoup raillé pour cet engagement que d’aucuns jugeaient présomptueux voire totalement fantaisiste…

L’emploi ne tombe pas du ciel: pour créer des emplois, il faut des employeurs!                                                                  Et pour qu’il y ait des employeurs, il faut un terreau favorable. Notamment des politiques publiques qui créent un environnement réglementaire, juridique et fiscal qui ne dissuade pas les entreprises de pendre des risques, d’investir, d’embaucher et d’aller de l’avant…

Pour qu’il y ait des emplois il faut que vivent les entreprises!

André Mulliez, le fondateur du réseau Entreprendre

La formule « Pour créer des emplois, il faut créer des employeurs ! », a été forgée dans le courant des années 1980 par le chef d’entreprise du Nord, André Mulliez (décédé en 2010); c’est lui qui a fondé le réseau Entreprendre, une association de chefs d’entreprises bénévoles qui a essaimé sur toute la France pour accompagner  des créateurs ou des repreneurs d’entreprise à fort potentiel de croissance…

>>>Lire notre article de juillet-août 2011 sur Consulendo 

 

  • Notre sélection de juillet-août 2019 :

« Déconnexion »? Tu déconnes?

L’impératif catégorique du « Connecto ergo sum«  (je me connecte donc je suis) a supplanté la célèbre maxime de Descartes : « Cogito ergo sum » (je pense donc je suis).

L’arrivée de  l’été s’accompagne de bonnes résolutions : faire du sport, perdre des kilos superflus, vivre une vie plus saine, profitez de ses proches, et désormais : se déconnecter!Tenter de se désintoxiquer de notre addiction aux objets communicants et connectés… Enfin plus facile à dire qu’à faire!

Pour les plus accros, des stages et des séminaires ont fleuri, inspiré de méthodes expérimentées en Amérique…

La génération des « Millenials » est vraisemblablement la plus addict aux écrans. Ils sont nés avec Internet  et confondent leur smartphone avec un doudou qu’ils tripotent compulsivement à tout moment du jour et de la nuit, même en dormant!

Certes, ces « merveilleux » objets interconnectés nous permettent d’être « joignables » tout le temps, où que nous soyons...

Sans oublier ces satanés médias sociaux qui nous titillent à tout bout de champ et nous obligent à réagir là où ça nous gratte… Ces sollicitations incessantes, cette hyperconnexion effrénée, souvent compulsive, nous mettent dans un état d’alerte permanent, « sans trêve ni repos », ce qui est inévitablement source de stress, de frustration, de tensions, avec des retombées négatives pour son équilibre personnel et relationnel dans la vie « réelle »…

Comme s’en alerte dans son dernier livre Bruno Pattino, « La Civilisation du poisson rouge. Petit traité sur le marché de l’attention«  (Grasset, avril 2019), le temps d’attention des humains, affolé par ces sollicitations permanentes,  dépasserait d’à peine une seconde celui des poissons rouges qui est de 8 secondes!

Impossible dans ces conditions de réfléchir correctement, de faire preuve de discernement, de prendre les bonnes décisions, de faire les bons choix…

Alors il est plus que temps de profiter de l’été pour pratiquer une hygiène de la connexion, une diététique de la consommation des écrans… Retrouver l’oisiveté des « temps morts », s’accorder du temps pour la rêverie, la méditation, la contemplation désintéressée, devenir dilettante…

Retrouver aussi  le plaisir de la lecture de livres (imprimés), la suavité de l’écriture avec un stylo à plume qui crisse sur la page de papier glacé…

> Lire la suite de notre chronique de l’été 2017

 

  • Notre sélection du mois de juin 2019 :

Hommage : Gérard Negreanu, journaliste économique, observateur attentif de la vie des entreprises

Gérard Negreanu

Ex-rédacteur en chef de La Vie Financière (Groupe Expansion), Gérard Negreanu nous a quittés le 21 mai 2019. Ce passionné d’information a consacré toute sa carrière à la presse magazine qu’il affectionnait particulièrement. Après des débuts dans une revue de design « Créer » (publiée par le groupe Paris Match), Gérard Negreanu a successivement occupé des fonctions de rédaction en chef au sein de titres comme « Jeune Afrique Economie », « Médias », « La Vie Française » (devenue « La Vie Financière »), « Réponse à Tout-Argent »… Il s’intéressait à la vie des entreprises, les grandes, cotés en Bourse, comme les moyennes et petites entreprises indépendantes, souvent qualifiées de « belles valeurs ». Au cours des dernières années, il avait suivi avec attention et perspicacité le monde du mécénat, participant notamment aux rencontres et événements d’Admical, l’association de promotion du mécénat d’entreprise fondée par Jacques Rigaud (ex-RTL).

Confrère et ami, Gérard Negreanu nous faisait bénéficier de son expérience éditoriale; il avait contribué plusieurs fois aux rubriques de Consulendo. Nous vous proposons de lire ou de relire ci-dessous un des articles qu’il avait rédigé à l’issue des 21èmes Assises du Mécénat tenues au printemps 2013 en présence de nombreuses personnalités :

PME et mécénat : ça marche!

Les PME étaient particulièrement courtisées au cours de ces vingt-unièmes  Assises d’Admical. Et pour cause. Elles représentent 90% des entreprises mécènes en France et près de 50% du budget global du mécénat (1). Ces petites et moyennes entreprises étaient, jusqu’à présent, mécènes en toute discrétion. Mais, elles sortent du bois et n’ont plus peur de le faire savoir. Et de se regrouper – même si localement elles peuvent se retrouver en concurrence.

Comme le souligne Stéphane Martinez, président de la fondation, Mécènes et Loire qui fédère vingt quatre entreprises de la région d’Angers et qui, n’est pas peu fier de mobiliser un million d’euros sur cinq ans pour financer des projets culturels ou sociaux dans sa région. Ou encore Marc de Mol, directeur de l’Intermarché de Villeneuve-les Salines et responsable de la fondation « Fier de mon quartier » regroupant elle aussi une dizaine d’entreprises locales. Pour lui et ses collègues, le seul bénéfice de leur mécénat « est humain, donc inestimable ». Ce que confirme Michel Larue, président de Mecen’Act Basse Normandie qui dirige un club d’entreprises hébergé par la fondation du Crédit Coopératif.

Quant à Christophe Praud, président du Centre des jeunes dirigeants d’entreprises, et président du Cercle Jean Mersch, fonds de dotation du CJD, il assure : « Alors qu’on se trouve dans une situation économique difficile, on aurait pu penser que les investissements en mécénat des PME allaient fondre comme beurre en poêle. Et que la philanthropie, c’était bien, quand tout allait bien … C’est l’inverse qui se passe. Les investissements augmentent. Pourquoi ? – Tout simplement parce que les PME ont compris que le mécénat était une chance pour le développement de leur territoire ».

(1) NDLR: De 2010 à 2016, selon les chiffres du ministère des Finances, le nombre d’entreprises ayant déduit fiscalement des dons au titre du mécénat a été multiplié par 2,5 –  passant de 28 000 à 73 500. En 2017, le nombre d’entreprises mécènes atteindrait les 82 000. Admical estime à entre 3 et 3,6 milliards d’euros le montant annuel des actions de mécénat réalisées par des entreprises.

>>>Lire la suite de l’article de Gérard Negreanu

  • Notre sélection du mois de mai 2019 :

L’Europe, notre avenir

 

Comme d’habitude, les élections européennes passionnent peu les Français. Malgré la réforme ayant conduit à proposer aux suffrages des listes nationales – au lieu de régionales – pour une meilleure lisibilité de ce scrutin à la proportionnelle… Pourtant le choix ne manque pas avec 34 listes en compétition!

L’Union Européenne conserve dans les esprits l’image une institution lointaine et bureaucratique. Cependant 80% de nos lois nationales ne sont que des transpositions de directives européennes. Dans un monde multipolaire et face à des géants (USA, Chine, Japon, Corée, Russie, Inde…), les nations européennes pèsent peu isolément : l’Union est le seul moyen de pouvoir défendre nos valeurs et nos priorités. Face à des enjeux planétaires comme l’écologie, l’énergie, l’immigration, le développement, l’Europe est le bon niveau pour espérer avoir une influence.  Mais, malgré des politiques communes, malgré les coopérations, malgré l’Euro… l’Union européenne a encore beaucoup de progrès à faire sur la voie d’une meilleure coordination de ses actions et de ses priorités pour peser réellement sur la marche du monde..

Côté entreprises, nos PME profitent encore insuffisamment de ce vaste espace commun de 510 millions de consommateurs, leur marché restant principalement hexagonal. Pourtant elles auraient intérêt à initier des coopérations transfrontalières avec les 25 millions de PME européennes qui génèrent 67% de l’emploi privé au sein de l’Union. Nous écrivions cela il y a deux ans à l’occasion du soixantième anniversaire du Traité de Rome passé quasiment sous silence dans l’Hexagone.

Or il existe, au niveau européen, de nombreux dispositifs favorables que nos PME TPE ne connaissent pas bien ou pas du tout : tels le programme « COSME » (2014-2020) doté d’un budget de 2,3 milliards d’euros, destiné à renforcer la compétitivité des PME et leur internationalisation, ou l’ « EaSI », dispositif de soutien aux micro-entrepreneurs et aux PME de l’économie sociale et solidaires… Ou encore,  un programme Erasmus pour les créateurs d’entreprise! Sans oublier l’action de la Banque européenne d’investissement (BEI) dont le siège est au Luxembourg et que dirige un Français. Plus de 25% de ses financements vont aux PME de l’Union : via des banques commerciales (ou des fonds d’investissements) avec lesquelles elle a passé un accord, la BEI accorde ses concours financiers à des conditions avantageuses et soutient aussi des structures qui accordent des micros-crédits, des prêts d’honneur ou des garanties, telles l’ADIE ou Initiative France…

>>>Lire notre article de mai 2017  « L’Europe, notre histoire, notre avenir »

 

  • Notre sélection du mois de mars 2019 :

Rêvons d’une France aux 20 millions d’actionnaires individuels!

Fernand Léger – Tapisserie d’Aubusson

La Loi PACTE, actuellement en discussion au Parlement, veut encourager l’intéressement et l’actionnariat des salariés, afin de « partager les fruits de la performance au sein des entreprises »… C’est un objectif tout à fait louable, qui mérite d’être soutenu, mais il y a du chemin à parcourir avant de réconcilier les Français avec le Capital!Les gouvernements de gauche qui se sont succédé au pouvoir depuis mai 1981 auraient dû pourtant être les premiers à encourager et soutenir un large actionnariat « populaire ». Ceci pourrait constituer les bases d’une vraie « démocratie sociale » (une action, une voix!) et faire évoluer la gouvernance de nos entreprises, à l’instar de la « co-gestion » à l’allemande…

Dans un article paru sur Consulendo en novembre 2016, nous rêvions d’une France aux 20 millions d’actionnaires individuels… Parmi les freins, nous pointions la diabolisation du « capital » par nos élites intellectuelles, les changements constants de la fiscalité, la stigmatisation des « possédants » par une bonne partie de la gauche française et des syndicats, l’aversion culturelle de notre société au risque … Autant de facteurs qui ont dissuadé jusqu’à présent le développement d’un actionnariat populaire.Or ceux qui stigmatisent le capital et ne pensent qu’à le surtaxer, sont souvent aussi les mêmes qui se lamentent de voir nos belles entreprises innovantes et de croissance passer sous le contrôle d’investisseurs étrangers…

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    • Notre sélection du mois de février 2019:

     

    « Vivre de son travail »…

     

    Les « Gilets jaunes » ont  quelque peu éclipsé la mémoire des « Bonnets rouges », un mouvement de révolte qui a mené des séries d’actions de protestation en Bretagne à l’automne 2013, en réaction à la fiscalité sur les transports routiers et aux fameux « portiques » à éco-taxe, ainsi qu’en réaction à des plans sociaux dans l’agroalimentaire. La mobilisation de salariés et de dirigeants de PME de l’agroalimentaire, d’agriculteurs, de TPE et d’indépendants, a contraint le gouvernement de l’époque à engager une réforme fiscale et à proclamer un « Pacte d’avenir pour la Bretagne »… Déjà, l’une des revendications de ces « Bonnets rouges » était de « pouvoir vivre décemment de son travail »… Un slogan qui fait écho à un des premiers cris de révolte poussés par les « Gilets Jaunes », avant que leur mouvement ne dérive dans des actions anarchistes ou violentes… Dans cette chronique publiée en sur Consulendo en novembre 2013, nous écrivions notamment :  « La plupart des manifestants bretons ne demandent pas de privilèges ou de prébendes, ils veulent simplement pouvoir vivre de leur travail … Cette demande, on ne peut plus légitime, est partagée par de nombreux Français, soit parce qu’ils sont victimes d’un chômage de longue durée, soit parce qu’ils sont des « travailleurs pauvres » (…) Le poids croissant des cotisations sociales, des prélèvements obligatoires, des impôts et taxes locales, combiné à celui des dépenses contraintes (téléphone, eau, gaz, électricité, transports …) a atteint un tel niveau que de nombreux Français, pourtant en activité, n’arrivent plus à joindre les deux bouts… »

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    • Notre sélection du mois de janvier 2019:

     

    La démocratie représentative remise en cause par la démocratie d’opinion

    Les « Nuits debout » en 2016,  et les « Gilets jaunes » depuis quelques mois revendiquent l’extension du domaine de la « démocratie directe », en se présentant comme les authentiques porte-parole du Peuple…

    Ce conflit de légitimité avec la démocratie représentative, telle qu’elle fonctionne depuis plus de deux siècles dans les pays occidentaux (et quelques autres pays dans le monde), conduit insidieusement à une sorte de paralysie chronique de nos institutions entre deux élections.
    Un gouvernement démocratiquement élu, se trouve rapidement confronté à des demandes contradictoires émanant de la société civile. La puissance de diffusion des réseaux sociaux donne encore plus d’assise au règne de la démocratie d’opinion. Ce conflit de légitimités oblige les élus à édulcorer tout projet de réforme ambitieuse, à rechercher le plus petit dénominateur commun entre les revendications des minorités agissantes et les attentes de la « majorité silencieuse »…
    Cet antagonisme rampant entre deux sources de légitimité, n’entraîne-t-il pas à une forme d’impuissance des dirigeants et ne nourrit-il pas la défiance actuelle à l’égard des élites? (article paru au mois d’août 2016)

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    • Notre sélection du mois de décembre 2018 :

  • Il faut refonder le « consentement citoyen à l’impôt »!

    La révolte des « Gilets Jaunes » a d’abord démarré sur l’expression d’un ras-le-bol fiscal… Et on attend toujours une « remise à plat » de notre fiscalité, toujours repoussée au lendemain…

    Les gouvernements qui se sont succédé au pouvoir depuis quinze ans ont usé et abusé jusqu’à l’extrême de l’arme fiscale. Ajoutant de nouveaux impôts, de nouvelles taxes (en supprimant très peu !), compliquant à l’envi les textes existants et créant une instabilité fiscale qui a fini par paralyser l’activité économique et découragé toutes les velléités d’investissement à risque…
    En 2017, le premier des « grands travaux » du futur gouvernement de la France devrait être de s’attaquer en priorité à l’Hydre fiscale. Dans le but de refonder le consentement citoyen à l’impôt tel que l’avaient défini les pères fondateurs de la République… (septembre 2016)

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