AFRIQUE-FRANCE
De nouvelles perspectives de partenariats interentreprises

Dans une conjoncture internationale particulièrement chahutée, le continent africain redevient attractif, en raison de ses énormes potentialités et de sa proximité géographique avec l’Europe par rapport à la lointaine Asie. Les entreprises françaises les plus perspicaces peuvent y trouver des opportunités d’affaires en nouant des partenariats avec leurs homologues africaines. Plusieurs initiatives les y encouragent.

crédit photo : Gerd Altmann – Pixabay

Ambition Africa 2022

Organisée par Business France pour renforcer les liens économiques entre la France et l’Afrique, la 4e édition du forum Ambition Africa s’est tenue les 4 et 5 octobre 2022 à Paris, dans la salle de conférence de Bercy.

En ouverture de cette édition qui a réuni un millier de personnalités et d’acteurs économiques africains et français, Olivier Becht, le ministre délégué au commerce extérieur a exprimé sa conviction que « l’Afrique sera le continent de la croissance au 21ème siècle ».

Soulignant que nos destins d’Européens et d’Africains sont liés, il a incité les dirigeants et acteurs de l’économie à nouer des « partenariats d’entreprise à entreprise ». Sans oublier qu’une relation d’affaires naît le plus souvent de la rencontre de deux personnes, de deux entrepreneurs.

Pour cela il faut cultiver la confiance, le respect mutuel, « changer le regard » pour sortir des stéréotypes de la « Françafrique » qui ont longtemps entachés les relations entre l’ex-métropole et ses anciennes colonies…

D’autant qu’aujourd’hui acteurs et responsables africains sont nés après, et même bien après, les indépendances intervenues au début des années 1960…

 

Olivier Becht (au centre) ministre délégué au commerce extérieur, lors d’une visite officielle à Cotonou, Bénin, le 27 juillet, à la tête d’une délégation de dirigeants d’entreprises.
crédit photo : Ministère de l’économie et des finances du Bénin

Dans le cadre de la tournée d’Emmanuel Macron en Afrique, Olivier Becht, ministre délégué au commerce extérieur, a conduit le 27 juillet 2022 une délégation d’une douzaine de chefs d’entreprises, PME et ETI, au Benin. Ils ont notamment visité la zone industrielle de Glo Djigbé, et ont échangé avec Romuald Wadagni, ministre d’Etat chargé de l’économie et des finances et Shadiya Alimatou Assouman, ministre de l’Industrie et du commerce, afin d’explorer les opportunités de partenariats.

 

Des secteurs prometteurs

Ce Continent dont la moitié de la population a moins de 20 ans doit relever d’immenses défis pour lesquels les entreprises françaises peuvent apporter expertises, conseils, services, transférer des savoir-faire, de l’ingénierie dans de nombreux secteurs d’activité. Autant de potentialités à saisir. Citons notamment:

  • Agriculture et agro-industries : l’Afrique exporte des produits de base et importe des produits transformés ailleurs. Premier producteur de noix de cajou, la Côte d’Ivoire ne transforme sur place que 10% de sa production…  Cela vaut également pour d’autres ressources capitales. Cependant, les choses évoluent : ainsi une partie du cacao, première richesse ivoirienne, est désormais transformé en chocolat à Abidjan dans une usine construite par le groupe franco-belge Cémoi…
  • Aménagement urbain et gestion de la « ville durable » : gestion de l’eau, infrastructures d’assainissement, collecte des déchets, logements, transports, énergie … Beaucoup reste à faire en la matière dans les mégapoles-champignons du Continent. Ces secteurs sont des domaines où excellent de nombreuses entreprises tricolores…
  • Santé, bien-être et prévention; Télémédecine; MedTech;
  • Transition numérique et télécommunications : dans plusieurs domaines, l’Afrique a pris de l’avance comme le paiement par smartphone (on dénombre 800 000 détenteurs de téléphones mobiles sur le Continent!). Le e-commerce reste encore relativement faible en part de marché, car les consommateurs africains restent attachés au commerce traditionnel en présentiel. Développements Internet, coproduction audiovisuelle, jeux vidéos, édition… ouvrent sans doute aussi des perspectives de partenariat;
  • Commerce et distribution: Le modèle de la Franchise et les différentes formes de commerçants associés en réseau, suscitent beaucoup d’intérêt en Afrique. Les enseignes françaises (plus de 2000 opérant en réseau) sont de plus en plus sollicités par des entrepreneurs africains souhaitant ouvrir des points de vente dans leur pays. Le développement des réseaux à l’étranger se fait généralement via le système de la « master-franchise » qui concède à un opérateur la capacité de recruter des futurs franchisés dans son pays. Speedy (quelque 500 centres en France, 80 à l’étranger) utilise avec succès cette formule sur le Continent depuis une vingtaine d’années.

 

Des atouts prisés

Du fait de sa proximité géographique avec l’Europe,  le Continent africain apparaît aux yeux des investisseurs, après deux années de Covid19 et avec la crise énergétique, comme une alternative crédible à l’Asie.

Richement dotée en ressources naturelles et minières, en métaux rares, l’Afrique devient un partenaire attractif pour approvisionner de nombreuses filières stratégiques (high-tech, solaire, nucléaire…) et faciliter une « réorganisation les chaînes de création de valeur »  à proximité des marchés de consommateurs.

On se rend compte aujourd’hui combien le gaz algérien, nigérian ou camerounais redeviennent particulièrement salvateurs pour l’Europe à la suite de l’embargo sur le gaz russe…

Il n’est d’ailleurs pas étonnant que ce continent attise les convoitises des Russes, Américains, Indiens et Chinois : la Chine compterait en Afrique deux fois plus de filiales d’entreprises que la France!

Autre atout pour les entreprises, une vaste classe moyenne se constitue, désireuse d’accéder à des modes et niveaux de consommation comparables à ceux des pays du Nord. Jeunes cadres et élites formés dans les meilleures écoles à l’étranger, sont impatients de prendre en main les leviers de commande, ou de créer leur entreprise, alors que naguère, leurs prédécesseurs visaient la haute administration ou les institutions internationales…

> Cependant, des marges de progrès importantes restent à réaliser; des faiblesses, certaines connues de longue date, doivent être corrigées; et notamment :

  • Réduire les lourdeurs bureaucratiques et les « habitudes » de corruption qui handicapent le développement de nombreux pays;
  • Améliorer la gouvernance des entreprises et les méthodes de gestion (en incitant notamment au retour en Afrique des cadres supérieurs formés en Europe!);
  • Augmenter la formation de cadres intermédiaires et d’ouvriers qualifiés dans les filières d’avenir;
  • Harmoniser les législations fiscales, sociales et douanières d’un pays à l’autre;
  • Accélérer l’intégration économique en levant les restrictions de circulation transfrontalières (il n’est pas par exemple possible de se rendre  de la Tunisie au Maroc en traversant l’Algérie…). Le projet de créer une zone de libre-échange couvrant le Continent revient régulièrement dans les débats, mais sa réalisation est loin d’être facile en raison des différences historiques, culturelles, linguistiques et politiques entre pays.

 

L’instabilité politique qui règne dans plusieurs pays, notamment au Sahel en ce moment, les menaces terroristes, sont pointées comme des risques dissuasifs par les investisseurs, même s’il ne faut pas « surévaluer » le risque africain (La guerre déclenchée aux frontières Est de Europe en février 2022 montre bien que les menaces latentes sont partout!).

Des investisseurs en capital soutiennent PME et ETI dans leurs projets africains

Table ronde sur le capital-investissement à Ambition Africa 2022 : de gauche à droite, Luc Rigouzzo, cofondateur associé d’Amethis, Isabelle Bébéar, directrice des affaires internationales et européennes de Bpifrance, Nicolas Manardo, associé Amethis, Damien Braud, chef du département Private Equity Afrique et Moyen-Orient de Proparco, Stephane Colin, président d’AfricInvest Europe. (crédit photo : Consulendo)

Les professionnels de l’investissement en capital s’intéressent eux aussi aux potentialités des économies africaines susceptibles d’offrir des relais de croissance aux entreprises de leurs portefeuilles de participations.

Ainsi, l’association des sociétés de capital-investissement, France Invest, a créé une Commission Afrique présidée par Luc Rigouzzo, fondateur associé du fonds Améthis Finance, lequel a animé une table ronde lors du forum Ambition Africa 2022.

Présent dans plusieurs capitales du Continent, cet investisseur a souligné l’intérêt des PME et ETI pour les perspectives de développement en Afrique . Son fonds Amethis Europe Expansion s’adresse à des PME européennes « en quête de croissance et de compétitivité via un développement sur le continent africain. »  « Beaucoup de PME françaises ont des liens avec l’Afrique, sans parfois même le savoir », a relevé Nicolas Manardo, associé d’Amethis.

Pionnier du Private Equity en Afrique, créé il y a 28 ans, notamment à l’initiative de Siparex,  Africinvest a investi dans plus de 200 sociétés dans 35 pays du Continent. Récemment implanté en France, il a lancé un fonds dédié pour appuyer des entreprises africaines désireuses d’investir dans des entreprises européennes : Africinvest Europe.

 

Business France : 12 pays-cibles pour les PME

crédit photo : Edar – Pixabay

Coordinateur de la « Team France Export », Business France a ciblé 12 pays sur le Continent, dans lesquels les PME françaises sont encouragées à établir ou renforcer des relations d’affaires.
Dans ces 12 pays, Business France possède une représentation : Afrique du Sud, Angola, Kenya, Ethiopie, Nigéria, Cameroun, Sénégal, Côte d’Ivoire, Maroc, Tunisie, Algérie, Egypte. A partir de ces bases, l’institution française est en capacité d’accompagner les PME et ETI dans 32 pays africains.  Près de 69 prestataires référencés privés sont en mesure de proposer des solutions d’accompagnement en complément de l’action de Business France (15 sur l’amorçage et 54 sur les services d’ancrage).
En 2021, près de 1 800 entreprises ont été accompagnées sur le Continent. 62 projets ont été détectés et 44 projets ont aboutis (13 en Tunisie, 12 au Maroc, 6 Afrique du Sud, 4 en Côte d’Ivoire, 3 en Algérie, 2 au Nigéria, 1 au Congo, 1 au Sénégal, 1 au Kenya, 1 à Maurice).
Récemment, lors de la visite officielle à Alger, les 9 et 10 octobre, de la Première ministre française Elisabeth Borne, à la tête d’une imposante délégation, Business France a organisé un forum d’affaires pour des PME et ETI de l’Hexagone.
Près de 33 000 entreprises françaises on exporté vers des pays africains en 2021. Le stock des investissements directs privés français en Afrique a été multiplié par 6 entre 2004 et 2021 pour atteindre près de 50 milliards d’euros.

Une délégation du Medef à Abidjan du 26 au 28 octobre

Le comité Afrique de Medef International emmène une délégation d’entreprises françaises à Abidjan, capitale économique de la Côte d’Ivoire, les 27 et 28 octobre 2022, pour participer à la 2ème édition de la Rencontre des Entrepreneurs Francophones (REF).

Organisée par l’Alliance des patronats francophones en collaboration avec la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI), cette édition réunira des délégations d’entreprises des 27 pays qui composent l’Alliance dont notamment 1200 chefs d’entreprises ivoiriens, mais également des décideurs politiques, des institutionnels, des organisations internationales ainsi que les principaux bailleurs de fonds de la sous-région.

Au programme:

  • 26 octobre : rencontres avec des institutionnels ivoiriens et les principaux bailleurs de fonds présents en Côte d’Ivoire ;
  • 27-28 octobre : participation à la REF francophone et rencontres d’affaires collectives.

Conférences et tables-rondes traiteront des grands enjeux auxquels sont confrontés les entrepreneurs francophones pour nouer des partenariats et renforcer la coopération entre eux : libre circulation entre les pays, facilitation des investissements, transition écologique…

A travers les différentes rencontres organisées sur place, les participants pourront aussi mieux apprécier le climat des affaires en Côte d’Ivoire et les opportunités d’implantation. Une plateforme Web est prévue pour préparer les rencontres d’affaires.

# Choose Africa une initiative française pour soutenir l’entrepreneuriat africain

Choose Africa est une initiative de la France, par laquelle le groupe AFD (Agence française de développement) et sa filiale dédiée au secteur privé Proparco,  mettent à la disposition des start-up, TPE et PME africaines l’ensemble de leurs outils de financement et de soutien au développement, via un réseau de partenaires locaux.
A la fin 2021, 3 milliards d’euros de financements – dont 780  millions d’euros dans le cadre du volet Résilience – ont été engagés au bénéfice de plus de 26 000 entreprises et plusieurs dizaines de milliers de micro-entrepreneurs du Continent. Près de 2 500 entreprises bénéficieront en outre d’un accompagnement technique.